Sujet brûlant pour la réassurance, l’inflation s’est installée progressivement dans le sillage de la pandémie avant d’accélérer avec la guerre en Ukraine. Parallèlement, les taux obligataires s’envolent.
Pour la zone euro, la Banque Centrale européenne (BCE) a révisé en cours d’année ses prévisions d’inflation à la hausse et table sur +8,1 % en 2022, +5,5 % en 2023 et +2,3 % en 2024. Concernant la France, l’Insee prévoit une inflation moyenne de 5,3 %, avec une hausse des prix de l’énergie particulièrement élevée, à 23,3 % en 2022. Chez les réassureurs, l’accélération de l’inflation a des impacts sur les coûts de la sinistralité, mais aussi sur les provisionnements (les réserves constituées pour être en mesure de respecter les engagements), notamment sur les branches longues. « Pour les réassureurs, la question essentielle face à la remontée de l’inflation est de savoir à quelle hauteur reprovisionner les engagements des affaires déjà souscrites », résume Christian Mounis, consultant en réassurance. Des décisions qui auront, bien entendu, de conséquences sur les tarifs des renouvellements. Pour Thierry Derez (DG de Covéa), « l’impact [de ces adaptations des provisions, NDLR] dépendra en grande partie du mix produit de chaque portefeuille. Dans les branches courtes, les provisions y sont par construction moins sensibles ; dans les branches longues, la méthode même de provisionnement tient déjà compte de facteurs d’inflation particuliers. Par conséquent, la question principale est de savoir avec quelle acuité, chez les différents réassureurs, les méthodes actuarielles ont pu estimer ou sous-estimer ce qu’on appelle en RC "l’inflation sociale". En résumé, le contexte inflationniste sera l’occasion de différencier positivement les réassureurs les plus techniques et les plus prudents en tarification et en provisionnement ».