La crise sans précédent dans la construction de maisons individuelles neuves entraîne une chute drastique de l’activité et de nombreux dépôts de bilan, avec des conséquences en cascade pour l’écosystème de l’assurance. Les signaux contradictoires émis par les pouvoirs publics exacerbent la situation.
C’est un rêve à la peau dure. Une image d’Epinal qu’en 1947, l’Ined (1) résume ainsi : «Voir se dresser au milieu des parterres de fleurs et de plants de légumes une maison, à l’écart de la ville, et qui ne soit qu’à eux.» « 80 % des Français veulent des pavillons », clame Le Figaro en 1963 et trois générations plus tard, cette proportion n’a pas varié d’un iota (2). Un rêve désormais hors de portée : jamais depuis la guerre, la France n’a aussi peu bâti. Moins 39,1 % pour les ventes hors lotissement l’an dernier, après un recul de 30,9 % en 2022. Soit 89 000 constructions en 2023 : c’est « moins de la moitié de la moyenne annuelle observée depuis ces dix-sept dernières années », calcule Grégory Monod, président du pôle habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB). Crash, tsunami, cataclysme… Les professionnels ne savent plus quel terme employer pour décrire l’effondrement de ce pan entier de l’économie qu’est la construction de maisons individuelles (CMI). Et ce déclin n’est pas sur le point de s’atténuer, la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC) anticipant une nouvelle baisse de 30 % pour 2024. Comment en est-on arrivé là ?
Un secteur pris en étau entre écologie et inflation
Les constructeurs de maisons individuelles se trouvent enserrés dans une crise multifactorielle, confrontés à trois chocs majeurs : l’envolée des coûts de construction, de l’énergie aux matériaux, la contraction des capacités d’emprunt des ménages français, et la raréfaction des terrains avec la réglementation dite « zéro artificialisation nette » (3), qui porte à elle seule le germe d’une révolution du secteur.