Entre leviers assurantiels et outils de gestion des ressources humaines, les avantages d’une captive de (ré)assurance pour la protection sociale des employés des grands groupes internationaux sont nombreux, mais freinés de longue date par de lourdes complexités techniques et politiques. Pourtant, la dynamique observée ces trois dernières années sur ce marché est en passe de franchir une nouvelle étape.
EB (employee benefits) or not EB ? Telle est la question qui se pose aujourd’hui avec force dans les stratégies assurantielles des grands groupes internationaux. Ce n’est pas nouveau : la maîtrise des risques santé et prévoyance est aujourd’hui un enjeu clé pour ces entreprises et le contexte secoué de la crise sanitaire a naturellement boosté les réflexions sur leur optimisation. Une tendance contagieuse qui place dans l’air du temps l’intégration de la couverture des avantages sociaux dans des captives de réassurance. « C’est vrai que c’est un sujet dont on parle beaucoup en ce moment. Mais si les intérêts techniques et politiques sont évidents, des freins de même nature le sont tout autant », résume Fabien Graeff, partner Corporate Risk Services chez Optimind. Pourtant, le marché s’agite car la pandémie n’est pas le seul courant favorable au développement de ces mécanismes apparus au début des années 1990 chez les Anglo-Saxons.
Certes, lorsqu’on évoque les captives de réassurance, c’est souvent l’univers des grands risques dommages qui vient à l’esprit. À raison, puisque sur les 6 500 captives recensées dans le monde, elles ne sont que 150 à intégrer les risques avantages sociaux dans leurs programmes. Mais alors qu’on ne comptait qu’une trentaine de captives de ce genre il y a tout juste dix ans, elles sont à ce jour cinq fois plus nombreuses. « C’est un nombre qui peut paraître faible mais qui représente un volume de près de 2 Md€ de primes annuelles », contextualise cependant Philippe Girard, directeur Benefits International Global Services and Solutions France de WTW.