Avec un chiffre d’affaires de 6,4 Md€ en 2022, en hausse de 4%, et une production nouvelle brute de 648 M€, Malakoff Humanis récolte les fruits de son rééquilibrage post-Covid.
Les efforts de Malakoff Humanis payent. En 2022, le groupe de protection sociale a enregistré une croissance de 4% de son chiffre d’affaires par rapport à l’exercice précédent, à 6,4 Md€, et un résultat net de 168 M€ (-24% par rapport à 2021). La production nouvelle a été particulièrement fructueuse avec 648 M€, sur tous les segments d'entreprises TPE-PME-ETI et grands comptes, notamment celles couvertes par les accords de branches pour lesquels le groupe est recommandé (112 branches professionnelles, 176 accords).
Par ailleurs, Malakoff Humanis affiche un ratio de solvabilité de 246% et ses fonds propres atteignent 8,2 Md€. Chargé d’une « mission redistributive », le groupe maintient un taux moyen de redistribution de plus de 83%. Malakoff Humanis a également poursuivi son programme de maîtrise de ses frais généraux, en baisse de près de 30 M€ en 2022. En 2021, ils s'élevaient au total à 711 M€.
Depuis la crise Covid, le groupe poursuit le rééquilibrage de ses portefeuilles collectif et individuel. Alors que les contrats collectifs représentaient 85% du chiffre d'affaires pré-Covid, Malakoff Humanis est en passe d'atteindre son objectif de 75% de collectif et 25% d'individuel. « Nous avons vu qu’il y avait des phénomènes systémiques qui touchaient les entreprises. Stratégiquement, nous avons décidé de rééquilibrer nos parts de marché », explique Thomas Saunier, directeur général. En 2022, le chiffre d'affaires en collectif est de 2,9 Md€ en santé et de 1,9 Md€ en prévoyance ; en individuel il s'établit à 837M€ en santé et à 400M€ en prévoyance.
La santé collective dans le viseur
Malakoff Humanis poursuit ses efforts avec comme principal point de vigilance son ratio combiné, de 102,9% en 2022 au lieu du 101,5% visé. « Nous n’avons pas la nécessité impérieuse de redresser le résultat technique puisque nous n'avons pas d'actionnaire mais il va de soit que le déséquilibre n’est pas soutenable sur la durée », indique Thomas Saunier. Son origine est à chercher du côté du dérapage en santé : +4,7% de remboursements en santé collective, + 5,3% en santé individuelle avec un ratio technique de 104%. « La sinistralité peut déraper, si le tarif est à l’équilibre, comme en individuel, ce n'est pas un problème. C’est vraiment la santé collective qui pose souci », poursuit-il.
Le dirigeant évoque plusieurs explications à l'instar des conséquences du 100% santé et il pointe le transfert de charge de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) vers l'Assurance maladie complémentaire (AMC) prévu par le PLFSS 2023 à hauteur de 300M€ en année pleine dont la mise en application doit encore être débattue.
« Si l'on ajoute à cela la somme de toutes les mesures actuellement en cours de discussion nous concernant, nous arrivons à un total de transfert de 900 M€. Fort de l’expérience du 100% santé où l'on nous avait annoncé un coût de 150 M€ et qui finalement a coûté 1,5 Md€, nous sommes vigilants quant au pouvoir d’achat de nos assurés qui se verront nécessairement répercuter ces transferts dans les tarifs de leur complémentaire santé », défend Thomas Saunier. Il appelle ainsi de ses vœux à un « réel dialogue » entre AMO et complémentaires, regrettant que le CDOC « ne débouche finalement sur pas grand-chose jusqu'à présent ».
En prévoyance, si l’absentéisme continue de progresser, le groupe a redressé le résultat technique et se rapproche de l’équilibre, grâce notamment aux mesures tarifaires appliquées au 1er janvier 2022 et la remontée des taux qui favorise le provisionnement.
Remettre les branches sur les rails
En juin dernier, Malakoff Humanis résiliait le contrat santé-prévoyance de quatre branches professionnelles (aide à domicile, casinos, CCN 66, et enseignement privé sous contrat) à cause de leur forte sinistralité et de négociations paritaires jugées « stériles », et révisait ses tarifs pour cause de frais d’acquisition et de distribution trop élevés.
« Quatre accords sur 180, c’est très marginal et nous n'avons perdu aucune autre branche depuis. Notre enjeu est que ces branches soient à l’équilibre technique et que les chargements soient suffisamment élevés pour couvrir les frais généraux. Certaines branches ont créé des usines à gaz coûteuses en gestion, il faut le prendre en compte. Nous avons fait un gros travail de pédagogie pour expliquer ce redressement », explique le directeur général.
Malakoff Humanis a annoncé également un effort interne de baisse des frais de chargement. L'institution de prévoyance vise un niveau moyen de 16% à l'horizon 2026 pour son périmètre d'activité avec les branches professionnelles.