Réforme éminemment sociale du quinquennat, le 100 % santé est entré en vigueur de manière concomitante à la crise de la Covid-19. Trois ans après le début de son déploiement, les chiffres dépassent les projections des cabinets ministériels, et leur impact durable sur les comptes des organismes complémentaires questionne sur un schéma de financement pas si équitable que cela.
Avec une moyenne de 3 109 € par habitant, la France est l’un des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) qui consacre la part la plus élevée de sa richesse à la santé : 209,2·Md€ l'an dernier, soit 9,1 % du produit intérieur brut (PIB). « Pour autant, la part de la dépense directement à la charge des ménages y est la plus faible parmi les 28 pays de l’Union européenne : 202 € par habitant, soit 6,1 % du montant de la consommation de soins et de biens médicaux » analysent les économistes de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Selon leur dernier rapport sur la protection sociale en France et en Europe, l'Hexagone se détache nettement des autres pays de l’Union européenne. Pour preuve, les meilleurs élèves de l’UE – le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Allemagne – demeurent bien au-dessus du taux français. Pour leur part, les pays d’Europe de l’Est et du Sud sont relégués aux derniers rangs : l’Italie et l’Espagne avec 23,5 %, le Portugal 27,5 %, la Grèce 34,8 %, et la Lettonie avec le record de 41,8 % des dépenses de santé à la charge des ménages.
Un système mixte
Cette performance hexagonale au sein de l’Europe s’explique par un système d’assurance mixte articulé autour de la Sécurité sociale et des assurances privées. Ces dernières, nombreuses (439 organismes) financent 13,7 % du total des dépenses de santé en France, soit entre deux fois plus qu’aux Pays-Bas et cinq fois plus qu’en Allemagne. La France peut se...