Protection sociale

Les couvertures collectives santé-prévoyance progressent

Publié le 20 décembre 2023 à 12h09

Sophie Alary    Temps de lecture 5 minutes

L’édition 2023 du Baromètre d’opinion de la prévoyance collective, réalisé par l’Ifop pour le CTIP, indique une nette progression de la couverture collective en santé et en prévoyance des salariés du privé, alors que la hausse des tarifs des collectives santé s’annonce inévitable.

94 % des salariés interrogés déclarent être couverts par une complémentaire santé collective, que ce soit celle de leur entreprise (88 %) ou celle de leur conjoint (6 %). Côté employeurs, 90 % disent avoir mis en place la complémentaire santé au sein de leur entreprise. Mais, si la dynamique est à la hausse depuis deux ans, elle intègre de moins en moins les ayants droit : seules 69 % des entreprises sondées proposent une complémentaire santé au conjoint et aux enfants. Cette individualisation déjà remarquée dans les précédents baromètres tend à s’installer, elle devient même plus importante dans les entreprises de moins de 10 salariés. « Il y a encore du flottement sur l’extension des garanties santé et prévoyance aux ayants droit », reconnaît Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).

Les risques prévoyance mieux couverts

Les écarts entre employeurs et salariés sont plus importants en ce qui concerne les garanties de prévoyance, un sujet encore mal connu du public qui peut introduire un biais dans la réponse à certaines des questions du baromètre, même si « nous avons procédé à une mise à niveau des sondés », affirme Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. En effet, alors que 94 % des employeurs déclarent avoir mis en place au moins une garantie de prévoyance pour leurs salariés en 2022 (+4 points), seuls 75 % des salariés affirment bénéficier d’un contrat collectif de prévoyance au sein de l’entreprise, hors épargne retraite et dépendance. L’existence d’accords de branche rendant obligatoires la mise en place de garanties de prévoyance fait consensus chez les employeurs : 90 % d’entre eux estiment que c’est une bonne chose. « Nous constatons une vraie dynamique des contrats collectifs et de la concertation des salariés via les accords de branche », relève Marie-Laure Dreyfuss. « Cela conforte le dialogue social, confirmé par les partenaires sociaux que nous rencontrons », ajoute-t-elle, même si elle estime que les entreprises restent encore majoritairement « sur le socle de base ».

L’équipement en prévoyance face aux principaux risques progresse, tant du point de vue des salariés que du point de vue des employeurs. 66 % des salariés déclarent bénéficier d’une garantie pour incapacité de travail. Les autres garanties s’améliorent, notamment le versement d’un capital aux ayants droit en cas de décès (42 %), en hausse de 2 points, et la garantie invalidité (41 %), en hausse de 5 points.

91 % des employeurs déclarent avoir mis en place des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail. Parmi eux, les trois quarts assurent une prise en charge totale ou partielle à compter du 4e jour d’arrêt de travail, 69 % maintiennent le salaire dans son intégralité au-delà du 7e jour et 55 % (+7 points) prennent en charge totalement ou partiellement le délai de carence de la Sécurité sociale.

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Le virage de la prévention

Le déploiement d’actions de prévention, que ce soit dans le cadre des garanties santé-prévoyance ou pas, fait largement consensus auprès des salariés (80 %) et des employeurs (78 %). Trois types d’actions de prévention prioritaires à mettre en place dans leur entreprise se distinguent : la prévention des troubles musculosquelettiques (pour 43 % des salariés et 42 % des employeurs), le dépistage de maladies comme les cancers et le diabète (pour 40 % des salariés) et la gestion du stress et la prévention des risques psychosociaux (pour 37 % des salariés et 40 % des employeurs). Les employeurs restent de leur côté plus mesurés au sujet du dépistage des maladies (seuls 25 % le mentionnent) considérant sans doute que ce terrain relève davantage de la vie privée. « Globalement, nous ne nous attendions pas à une telle convergence d’intérêts, même si la santé est devenue le premier sujet de préoccupation des Français depuis 2019, donc avant même la Covid-19 », observe Frédéric Dabi. « L’entreprise est bien le lieu où peuvent se déployer très largement des actions de prévention alors que le gouvernement entame un virage préventif », ajoute Marie-Laure Dreyfuss.

La couverture santé prévoyance n’est cependant pas encore un facteur de fidélisation à l’entreprise jugé essentiel par une majorité de salariés sondés. Parmi les éléments qui les incitent à rester dans l’entreprise, ils citent d’abord l’ambiance de travail (pour 65 % d’entre eux), la distance entre leur domicile et leur lieu de travail (58 %), les perspectives d’évolution professionnelle (54 %) et l’autonomie qui est leur accordée (51 %). La couverture santé prévoyance n’arrive qu’en sixième position, plébiscitée par un tiers des salariés.

La prévoyance encore mal connue

Pour finir, si les salariés et les employeurs s’accordent sur le fait que la négociation de branche est un bon moyen pour mettre en place des garanties de qualité en santé comme en prévoyance, la gestion paritaire de ces garanties reste moins bien identifiée par les salariés : seuls 54 % d’entre eux déclarent avoir une bonne représentation de cette gestion paritaire. Alors qu’aucun texte de loi n’oblige encore les employeurs du privé à souscrire un contrat de prévoyance collective au bénéfice de leurs salariés non-cadres, « le sujet de la prévoyance reste compliqué pour les Français », conclut Marie-Laure Dreyfuss. Les pouvoirs publics et les entreprises doivent pourtant le garder à l’œil alors qu’un autre baromètre, publié il y a quelques jours par OpinionWay pour le Groupe Vyv, pointe que près d’un Français sur quatre déclare ne disposer d’aucune protection en prévoyance.

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