Isabelle Le Bot, directrice générale de La France mutualiste, dresse le bilan 2024 du spécialiste de l’épargne et expose ses ambitions ainsi que les synergies attendues dans le cadre du rapprochement avec Malakoff Humanis.
Quel bilan dressez-vous pour 2024 ?
La France mutualiste a réalisé un très bel exercice 2024, avec un chiffre d’affaires qui devrait dépasser les 660 M€, soit une progression de plus de 40 % par rapport à 2023. Cette croissance, bien supérieure à celle du marché (+15 %), a été réalisée sans augmenter la taille de notre réseau. Nous enregistrons une collecte nette largement positive, avoisinant les 150 M€. L’activité en épargne de l’ensemble du groupe Malakoff Humanis (épargne individuelle via La France mutualiste et épargne collective) a été particulièrement dynamique. La collecte brute – incluant La France mutualiste – atteint 1,9 Md€, avec un encours de 23,2 Md€. Le groupe a pris un an d’avance sur son plan Ambition épargne.
Comment évolue le sociétariat de La France mutualiste ?
La base d’adhérents de La France mutualiste est en croissance. Notre enjeu était le rajeunissement de notre portefeuille et l’acquisition de nouveaux adhérents. C’est ce que nous appelons le « new new » : des contrats souscrits par de nouveaux clients. L’an dernier, cette catégorie représentait environ 5 % de notre collecte brute, contre 15 % cette année. C’est une progression significative et un indicateur fort de notre transformation.
Comment se comporte le marché vie actuellement ?
L’assurance vie reste le placement préféré des Français. Elle présente de nombreux atouts : flexibilité, absence de plafond en comparaison à d’autres produits d’épargne, et avantages fiscaux. Cette tendance se confirme avec une activité très soutenue, bien au-dessus de l’an dernier. La baisse du taux du livret A favorise naturellement le report de l’épargne vers l’assurance vie.
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Et spécifiquement pour La France mutualiste ?
La France mutualiste a maintenu une politique de taux attractive, avec un rendement de 3,6 %, l’un des meilleurs du marché. Notre approche est claire : créer de la valeur et la partager avec nos adhérents. Cet engagement s’inscrit dans la durée avec un taux de rendement net cumulé de 9,70 % sur trois ans. Enfin, dans un contexte incertain, les Français épargnent davantage. Depuis début 2025, la collecte est particulièrement dynamique, confirmant l’attrait durable de l’assurance vie.
Quel est aujourd’hui l’âge moyen de vos adhérents en assurance vie ?
L’âge moyen de notre portefeuille est passé de 76 ans à 70 ans en un an : un changement significatif. Pour les nouveaux adhérents, il est d’environ 50 ans.
Comment évolue le PERin au sein de votre mutuelle ?
La croissance est très forte. En 2024, nous avons doublé le nombre de nouveaux contrats. Début 2025, la dynamique s’accélère encore (+70 %). L’encours atteint environ 60 M€. Nous avons aussi proposé un rendement de 4 %, un taux très compétitif. L’âge moyen des adhérents est de 54 ans, un public plus jeune que pour l’assurance vie. La répartition hommes-femmes est équilibrée.
L’attrait de la retraite supplémentaire va-t-il se renforcer ?
Le débat sur les retraites sensibilise les Français, y compris les plus jeunes. Avant, à 30 ans, on ne pensait pas à sa retraite. Aujourd’hui, les mentalités évoluent avec une prise de conscience croissante de la nécessité d’épargner. Il y a une réelle volonté d’anticiper de la part des Français, et il est essentiel d’aider chacun à mieux préparer son avenir financier.
Comment définiriez-vous votre stratégie de rajeunissement du portefeuille d’adhérents ?
Rapprochement, digitalisation, partenariat. En premier lieu, le rapprochement avec Malakoff Humanis a été un levier clé de cette transformation. Par ailleurs, nous avons développé un parcours 100 % digital et il est désormais possible de passer facilement d’un modèle de souscription à l’autre (du digital, au rendez-vous physique en passant par le téléphone). Enfin, le partenariat stratégique avec la FinTech Mon petit placement en 2023 a également contribué à ce rajeunissement.
Comment intégrez-vous digital et partenariats à votre stratégie ?
Nous misons sur un modèle omnicanal combinant digital, agences et réseau mobile, garantissant une expérience fluide et accessible à tous. Par exemple, La France mutualiste a noué un partenariat avec la FinTech Mon petit placement. Le groupe Malakoff Humanis a décidé plus largement d’investir dans Gédéon, spécialisé en épargne collective. Nous restons attentifs aux opportunités digitales. Nous sommes aussi prêts à investir, à nouer des partenariats ou à acquérir des acteurs innovants pour renforcer notre offre.
Comment évolue le PER collectif ?
La production en épargne collective est bonne, avec une collecte nette soutenue par l’épargne salariale et le PER collectif, notamment portée par les nouveaux dispositifs de partage de la valeur.
Quelle est la performance de vos fonds euros en 2024 ?
Le groupe Malakoff Humanis a annoncé des taux de rendement élevés des fonds euros de l’ensemble de ses gammes de produits pour l’année 2024 : PER obligatoire (4,05 % brut, soit un taux net compris entre 3,25 % et 3,75 %), PER individuel (4 % net) et assurance vie (3,60 % net). Ils comptent parmi les meilleurs taux de rendement du marché. Nos fonds euros sont particulièrement bien diversifiés : immobilier, produits de taux et actions. Nous voulons aussi valoriser notre rôle dans le financement de l’économie réelle.
Concrètement, comment financez-vous l’économie réelle ?
Nous finançons des projets concrets à impact : infrastructures, entreprises, emploi, souveraineté alimentaire… Cette année, le groupe Malakoff Humanis, et spécifiquement avec La France mutualiste, a lancé avec Sienna IM un fonds de dette privée à impact dédié à la biodiversité, illustrant notre engagement en matière de finance durable.
Comment entendez-vous faire évoluer votre gamme de produits ?
Les produits sont ajustés selon les profils clients et les tendances du marché. L’offre a été élargie l’année dernière à La France mutualiste et plus largement au sein du groupe avec le lancement de deux nouveaux plans d’épargne retraite obligatoires (PERO), illustration de la volonté du groupe de proposer sur le marché de l’épargne une alternative éthique et performante, avec des frais réduits et des supports d’investissement marqués d’une forte empreinte ISR. Des développements sont en cours, notamment pour le second semestre 2025.
Quels sont les objectifs du groupe pour 2025 en épargne ?
Notre objectif est avant tout de déployer le plan Ambition épargne de Malakoff Humanis pour atteindre l’objectif de 1,5 Md€ de chiffre d’affaires que nous nous sommes fixés à l’horizon 2030. Nous restons également ouverts à des acquisitions, que ce soient des portefeuilles ou des entreprises dans le secteur de l’épargne, et opportunistes sur le digital à l’instar de nos investissements dans Mon petit placement et Gédéon. Notre volonté est de proposer une épargne éthique : une offre sans frais d’entrée ni frais d’arbitrage, une totale transparence sur les frais de gestion, des produits conciliant rentabilité et responsabilité, et une approche très pédagogique vis-à-vis des épargnants. Ce positionnement s’inscrit dans nos valeurs de groupe mutualiste et paritaire à but non lucratif.
Troisième pilier en épargne et nouvelle force de vente au programme
Le rapprochement entre La France mutualiste et Malakoff Humanis repose sur des objectifs partagés en termes de croissance et de complémentarité : rajeunissement du portefeuille pour La France mutualiste et diversification de l’offre globale, notamment en épargne individuelle pour Malakoff Humanis. Dans le cadre de cette alliance, Isabelle Le Bot, directrice générale de La France mutualiste a rejoint le comex de Malakoff Humanis en septembre 2024. À ce titre, elle a pour mission de déployer la stratégie épargne de Malakoff Humanis en lien avec les équipes du groupe et de superviser la gestion des projets informatiques associés. Dès la première année, l’offre a été élargie et de nouvelles synergies commerciales se sont développées, notamment autour des ventes croisées.
Côté épargne, La France mutualiste, Gédéon et Médicis proposent aux entreprises, aux particuliers et aux courtiers partenaires une gamme d’offres en épargne retraite et salariale. Côté digital, La France mutualiste a d’ailleurs lancé en septembre 2024 « Mirabelle », une plate-forme omnicanale facilitant les échanges et la souscription en ligne. Les utilisateurs peuvent choisir leur moyen de communication, que ce soit pour souscrire en ligne ou échanger avec un conseiller. Le rapprochement a aussi permis le lancement du PERO essentiel, une solution de retraite collective (579 contrats signés en 2024). Enfin, un réseau de 100 agents exclusifs spécialisés en santé, prévoyance et épargne ciblera les TNS et PME d’ici 2026.
S.N.
