Christian Schmidt de la Brélie, directeur général du groupe Klésia

« La prévoyance est un droit mais aussi un budget »

Publié le 6 avril 2023 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 4 minutes

Le dirigeant du groupe de protection sociale revient sur les enjeux opérationnels et stratégiques qui l’animent, de la gestion des branches au défi de la fidélisation en passant par la réforme des retraites. Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le numéro d’avril de La Tribune de l’assurance.

Comment s’est conclu l’exercice passé pour Klésia ?

Le chiffre d’affaires de Klésia devrait se fixer à 2,5 Md€ pour 2022, avec un résultat raisonnablement excédentaire de 25 M€. Nous cherchons à disposer d’un autofinancement conforme à nos ambitions sur la durée. Année après année, l’émergence de nouveaux risques et les conséquences bénéfiques pour nos concitoyens du 100 % santé, mais entraînant des dérives pour les complémentaires, nous incitent à la prudence dans la sélection et la gestion de nos portefeuilles.

Quelles sont vos perspectives stratégiques ?

Nous sommes un groupe spécialiste des branches et de la collective, qui a vocation à proposer des garanties de prévoyance et de santé pour ses cinq secteurs affinitaires : le transport routier, les entreprises de santé (notamment les pharmacies d’officines, ainsi que l’ensemble de l’industrie pharmaceutique), le tourisme et le commerce de proximité (avec une dominante historique de la branche hôtel café restaurant, HCR), le B to B au sens large (où nous sommes très présents dans la prévoyance de l’intérim), dans les banques d’affaires et de niche, et enfin le personnel civil et militaire du ministère des Armées sur lequel nous travaillons maintenant depuis quatre ans avec l’AGPM dans le cadre de son référencement. Nous voulons continuer à nous développer sur ces secteurs d’activité pour atteindre une mutualisation responsable.

Quels ont été les effets de la fin des désignations sur vos activités ?

La fin des clauses de désignation nous a incités à avoir une relation client plus affirmée et d’optimiser nos frais de gestion. D’ailleurs, nos taux de résiliation sont depuis très inférieurs à la moyenne du marché de par ce maintien de la mutualisation de branche des grands clients et des PME. Les résultats techniques sont souvent plus dégradés chez les grands clients, qui apportent cependant du volume, et inversement les frais de gestion sont plus élevés pour l’assureur dans la protection des PME. L’un dans l’autre, tout le monde a intérêt à être mutualisé, et Klésia est le garant d’une mutualisation responsable. Le fait de ne plus être en désignation tout en maintenant notre engagement paritaire nous oblige à piloter au plus près cette mutualisation. C’est l’autre versant de la fin des désignations : désormais, nous ne sommes plus obligés de conserver des entreprises dont la sinistralité mettrait en danger les pratiques vertueuses des autres contrats avec l’accord des partenaires sociaux.

Arrivez-vous à fidéliser vos entreprises clientes ?

Sur la branche HCR, qui a subi une forte indexation en milieu d’année dernière, la majorité de nos clients l’a acceptée. En dehors de quelques grands comptes qui nous ont quittés, le taux de résiliation a été de moins de 0,5 %. Il me semble que nos clients demeurent attachés à notre philosophie de mutualisation responsable, qui évite les à-coups tarifaires et s’inscrit dans la durée. Ce qui est vrai dans les HCR l’est également dans les autres branches qui nous font confiance.

Quelles seront les conséquences de la réforme de la retraite sur vos activités ?

Le départ anticipé à 62 ans pour les personnes en incapacité et invalidité est une bonne chose. Cette mesure se distingue de la précédente réforme mais il faut rappeler qu’à l’époque nous étions en Solvabilité I et nous avions pu lisser sur six ans l’augmentation liée à cette dérive. Une augmentation équivalente à une année de prime, que nous avons lissée sur six exercices, soit 15 % en moyenne. Avec Solvabilité II, nous ne pourrions plus lisser les effets du report de l’âge légal de départ sur nos portefeuilles prévoyance sur une période aussi longue.

Néanmoins, la réforme des retraites et l’augmentation de la durée d’assurance amèneront naturellement une dérive des arrêts pour incapacité et invalidité et donc de la prévoyance collective. Cette année, nous avons indexé de 4,7 % la prévoyance et il va falloir réindexer avec l’avancée en âge de nos actifs pour l’année prochaine, selon nos calculs, de 5 %. La prévoyance est un droit mais aussi un budget. On s’attend également à avoir des incidences en santé mais nous ne savons pas encore quelle sera l’ampleur sur les comptes 2023.

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