Le consensus de place, qui circulait fin octobre à Baden Baden, évaluait la perte de matière réassurable du marché européen à quelque 500 M€ de primes pour 2014. Ce phénomène, assez indigeste pour les réassureurs comme pour les intermédiaires spécialisés, résulte de la forte tendance des assureurs directs ces dernières années à hausser leurs rétentions et à centraliser leurs achats de réassurance. Un mouvement de centralisation qui monte en puissance depuis trois ans maintenant, partout dans le monde, et qui fait suite au précédent opéré par l'Australien QBE. Cette année, en Europe, Generali comme AIG ont fait le choix de centraliser leurs achats de réassurance. L'an prochain, c'est Allianz qui va leur emboîter le pas et ramener au siège du groupe tous les achats de réassurance dont ont besoin ses filiales. Mécaniquement, et grâce à davantage de mutualisation et de diversification chez l'assureur, les cessions diminuent. D'autant plus délicat pour les réassureurs que ce mouvement ne concerne plus seulement les traités, mais aussi la réassurance facultative, jusque-là à la main des filiales.
L'année s'annonce donc sanglante en la matière en Europe. Outre Allianz, le spécialiste des risques industriels HDI devrait, lui aussi, remettre en cause son atypique traité de réassurance en quote-part. Mais ce qui fera le plus de mal au marché français, c'est la forte hausse des rétentions programmée par le groupe Axa, lequel cède depuis Paris. Selon les réassureurs, ces moindres cessions du groupe représenteraient un volume de 150 M€ en moins pour le marché de la réassurance. Un manque à gagner auquel il faut ajouter le récent recours d'Axa à un cat bond de 350 M€...