C'est le coup de maître de l'année 2013 en matière d'appels d'offres, et il est à mettre à l'actif d'Eramet, géant minier et métallurgique français, dont le risk manager n'est autre que Gilbert Canameras, président de l'Amrae. Il s'agit du projet indonésien d'exploitation du plus grand gisement de nickel au monde : Weda Bay Nickel. Ce chantier pharaonique, évalué à 3 Md$, est développé en partenariat avec le Japonais Mitsubishi.
Pour l'appel d'offres conceptuel de ce projet international, finalement emporté par Aon France pour une durée exceptionnelle de six ans, Eramet s'est fait aidé par un consultant d'un genre nouveau : un courtier. Le cabinet Bessé pour ne pas le nommer. « C'est la première fois que j'entends parler de cette méthode. C'est surprenant parce qu'il y a le risque que les courtiers répondant n'aillent pas au bout de leur réflexion de peur de retrouver les éléments le lendemain chez le consultant redevenu courtier et donc concurrent en l'espace d'une nuit », note un consultant. Il s'agissait en effet d'une première dans le secteur : « Les choses étaient claires dès le départ de la mise en concurrence. Tout le monde était prévenu et chacun s'est engagé sur la confidentialité des informations transmises », explique Gilbert Canameras.
Ce dispositif hors norme a été rendu possible par le fait que Bessé, par ailleurs courtier d'Eramet sur d'autres programmes, dispose en interne d'ingénieurs-experts à même de traduire en langage assurantiel les spécificités techniques d'un tel projet. Surtout, il refuse de manière générale de participer aux appels d'offres, et donc n'allait pas concourir sur Weda Bay Nickel. Mieux vaut dès lors n'être "que" consultant...