Jusqu'à la fin des années 1970, dans le domaine maritime, l'hégémonie des courtiers anglais est totale. Il est vrai que le marché de Londres exerce une attraction incontestable, même si dans les branches transport, aviation et spatial, les assureurs français se sont organisés de manière attractive au travers de pools dont les pratiques et les capacités représentent une véritable alternative.
Mais les placements sur le marché de Londres se font avec une telle élégance qu'il est difficile d'y résister. C'est ce qu'illustre cette anecdote. Un grand courtier juré marseillais avait pour habitude de se rendre à Londres pour le renouvellement des polices de ses clients. Le rituel était toujours le même. Il était reçu par le très francophile chairman de Willis Faber & Dumas. Après quelques échanges de politesses, ce dernier s'absentait quelques instants pour se rendre au Lloyd's où, lorsqu'il arrivait, tous les souscripteurs se levaient. Il faisait circuler le "slip" (bordereau de souscription) des armateurs marseillais en blanc et chaque souscripteur signait sans poser de question. Le chairman regagnait alors son bureau et tendait le document au courtier français, qui mettait lui-même le prix qui lui semblait correspondre à l'attente de ses clients. Imagine-t-on de telles pratiques aujourd'hui ?
Entre-temps, l'année 1978 aura sonné le glas du monopole des courtiers jurés en assurance maritime, lesquels fusionneront tous, à plus ou moins brève échéance, avec de grands courtiers Iard. Eyssautier est aujourd'hui le dernier survivant des ex-courtiers jurés.