Emmanuel Le Floc’h, directeur général d’Aon Reinsurance Solutions Paris

« En Cat, Aon Reinsurance Solutions anticipe une légère baisse des prix »

Publié le 17 octobre 2024 à 9h00

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 6 minutes

Le leader incontesté du courtage de réassurance en France, Aon Reinsurance Solutions Paris, emmené par Emmanuel Le Floc’h, partage son retour des Rendez-vous de Septembre, ses chiffres clés et son plan de marche pour 2025.

Quelle est votre position sur le marché français du courtage de réassurance ?

Notre empreinte de marché nous permet d’intermédier environ 2 Md€ de primes de réassurance, dont 75 % concernent la non-vie et 25 % la vie. Sur le segment non-vie, nos 1,5 Md€ de primes cédées représentent une part importante des 4,2 Md€ répertoriés par l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref ). Cela nous place en position de leader sur le marché non-vie, avec une part de marché de l’intermédiation estimée autour de 50 %. En vie, marché traditionnellement moins intermédié, nous estimons notre part de marché de l’ordre de 20 %. Nous devrions atteindre 110 employés d’ici la fin de l’année. Cette croissance en effectif accompagne celle de notre chiffre d’affaires, qui a progressé régulièrement ces cinq dernières années.

Quel est votre plan de marche et votre feuille de route depuis votre arrivée en juillet 2023 ?

Depuis ma prise de fonction, deux grandes actions ont été menées. La première consiste à garantir la qualité de service à nos clients historiques. Il est essentiel que notre portefeuille de longue date continue d’être satisfait et qu’il trouve en Aon Reinsurance un partenaire fiable pour soutenir leur propre croissance. C’est en accompagnant leur développement que nous assurons le nôtre. La priorité absolue est de maintenir et renforcer cette relation de confiance, qui représente le cœur de notre activité et de notre position sur le marché. La deuxième action concerne la recherche de nouvelles sources de revenus. Lorsque l’on détient déjà une part de marché significative, il devient difficile de croître davantage sans que la demande elle-même augmente.

Pour pallier cela, nous explorons des opportunités complémentaires autour de deux axes principaux. D’abord, le développement des solutions de réassurance facultative, un domaine encore peu exploité en France mais qui offre des alternatives intéressantes pour nos clients et un potentiel de revenus pour nous. Nous avons ainsi formé une équipe dédiée. D’autre part, nous avons intensifié nos efforts dans la création de solutions de transfert de risque pour les banques, aussi bien en vie qu’en non-vie. Ce secteur présente de belles opportunités, et nous avons renforcé nos expertises pour mieux l’explorer.

Quels ont été les points saillants de l’édition 2024 des Rendez-vous de Monte-Carlo ?

Les Rendez-vous de Septembre sont surtout un congrès de la réassurance internationale non-vie. Bien que la réassurance vie soit parfois présente, elle y joue un rôle mineur. Ces dernières années, le marché de la réassurance non-vie a été particulièrement chahuté. Les réassureurs ont dû faire face à une série de pertes, notamment en France, avec les épisodes de grêle du printemps 2022 et, dans une moindre mesure, la tempête Ciaran en 2023. En réaction à ces résultats peu encourageants, les réassureurs ont été drastiques, en prenant leurs distances face aux risques et en augmentant les franchises des assureurs. Cela a principalement affecté les renouvellements de 2023 et 2024, avec une hausse à la fois des franchises et des prix en réassurance. Les assureurs ont été surpris non par l’évolution des conditions en 2023-2024, qui était prévisible, mais par son ampleur et son caractère soudain. Beaucoup d’entre eux se sont retrouvés beaucoup plus exposés au 1er janvier 2023 qu’envisagé, sans possibilité de lisser les évolutions dans le temps, et les résultats de l’assurance dommages en 2023 ont reflété cette plus grande exposition nette des assureurs face aux événements naturels. Aujourd’hui, les réassureurs n’ont plus de velléités de relever les rétentions. La concurrence entre les réassureurs, ainsi que leur volonté affichée de croissance, devrait permettre des réductions de prix ou des baisses de franchises pour le 1er janvier. Cette tendance concerne surtout les renouvellements des polices CAT, les autres branches (incendie, responsabilité civile, automobile, cyber…) étant moins discutées à Monte-Carlo. C’est là l’un des enseignements clés de cette édition.

Comment se positionnent réassureurs et cédantes face à l’évolution des conditions de réassurance des événements naturels ?

Comme souvent, les postures des uns s’opposent à celles des autres. Du côté des réassureurs, l’idée dominante était que les augmentations des prix et des rétentions n’étaient pas encore terminées, comme l’ont relayé la presse et les communications officielles. En revanche, les cédantes estiment que les conditions des traités ont trop penché en faveur des réassureurs et qu’un rééquilibrage est nécessaire. La concurrence entre réassureurs présage d’un retour à un meilleur équilibre. On anticipe donc un arrêt des augmentations des rétentions et, probablement, une légère baisse des prix. Toutefois, l’ampleur de cette baisse peut varier en fonction des expériences spécifiques des assureurs et réassureurs. Au minimum, les rétentions devraient rester stables, et dans certains cas, elles pourraient même être légèrement réduites.

Quel est votre rôle sur le marché cyber ?

Nous sommes convaincus que le risque cyber deviendra l’un des principaux enjeux pour les particuliers et les entreprises à l'avenir. Il est donc essentiel de favoriser le développement d’un marché de l’assurance et de la réassurance pour ce type de risques. C’est pourquoi nous avons constitué, il y a cinq ans, une équipe spécialisée dans le cyber, dont nous continuons à renforcer l’activité. Bien que le risque cyber soit perçu comme majeur par tous, il reste encore sous-représenté en termes de volume de primes. Notre objectif est d’accompagner nos clients dans l’élaboration de solutions et le transfert de risques en réassurance, et ainsi de contribuer à la croissance de ce marché. Nous croyons fermement à l’importance de ce risque, et nous savons que nos clients assureurs doivent, eux aussi, s’y adapter pour mieux répondre aux besoins de leurs assurés.

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