Quelle allocation d'actifs préconisez-vous dans un contexte de taux bas et contraint par Solvabilité II ?
L'euro marginal ne s'investit pas en papier d'Etat allemand ou français, mais dans le crédit ou l'international. La tendance est également à l'investissement dans tout ce qui est alternatif, comme les infrastructures, le private equity, soit des placements très illiquides, qui ont du sens sur le long terme et qui permettent d'augmenter la duration des portefeuilles.
Quelles évolutions identifiez-vous dans la gestion d'actifs en Europe ?
Dans les grandes compagnies européennes, depuis cinq ans environ, la tendance est à la fois à la diversification, à l'externalisation de la gestion et à la préparation de Solvabilité II. Cette réglementation a d'ailleurs entraîné une convergence entre les fonctions chargées de l'investissement et celles chargées du risk management, qui influencent davantage les premières. Et alors même que Solvabilité II n'est pas encore entrée en vigueur, nous recevons déjà des mandats de gestion dédiés, avec des contraintes de SCR à intégrer.
Quelle est plus particulièrement la situation en Allemagne ?
Les grandes compagnies allemandes qui investissaient dans des fonds ouverts ont tendance à transférer leurs investissements vers des mandats dédiés pour des raisons comptables, pour mieux contrôler le détail de leur portefeuille et mieux calibrer le risque sous Solvabilité II. Les gérants font donc de plus en plus de sur-mesure en fonction de la position capitalistique ou comptable de la compagnie. L'Allemagne est par ailleurs très impactée par l'environnement des taux bas, du fait de ses contrats d'assurance vie contraignants, qui peuvent comporter des garanties à vie. Le problème des taux bas est notamment critique pour les petites compagnies peu diversifiées, les « monoliners » en vie et celles qui n'ont pas accès aux marchés financiers. On peut dès lors s'attendre à un mouvement de consolidation du marché outre-Rhin.
Propos recueillis par L.F.