Néo-assureurs

Les jeunes poussent les murs

Publié le 27 juin 2022 à 9h00

Louis Johen    Temps de lecture 18 minutes

La plupart des néo-assureurs ont continué d’afficher de forts taux de croissance de leurs activités en 2021 et tous ou presque ont réalisé des levées de fonds dignes de la Silicon Valley. Ces start-up devraient ainsi pouvoir librement poursuivre leur développement porté par des investissements dans la technologie, le recrutement et la diversification. Toutefois, contraints par un environnement financier plus chaotique, les investisseurs devraient se montrer plus regardants sur les questions du modèle économique et l’atteinte des objectifs fixés.

Du boulot pour l’ACPR. Depuis l’arrivée d’Alan en 2016, les demandes d’agréments de jeunes pousses ont continué de fleurir sur le bureau du superviseur. En 2019, Seyna était le deuxième acteur à obtenir le précieux sésame. Une première pour un assureur non-vie depuis 1983. Entre-temps, ce sont Mila, Acheel, Luko et bientôt Assurly qui sont venus gonfler les rangs des compagnies d’assurance en France. Un nouveau souffle apporté par des acteurs aux profils différents mais tous drivés par la même soif de technologie et d’innovation au sein d’un secteur réputé pour son conservatisme en la matière. Ces néo-assureurs surfent également sur une tendance actuellement favorable à l’investissement dans l’assurance, en témoignent les levées de fonds records intervenues l’an dernier. Une dynamique qui pourrait toutefois perdre un peu de souffle. « Pris sous l’angle de la levée de fonds, nous avons connu une année record en 2021. Les années 2022 et 2023 seront celles de la confirmation et du challenge avec un vrai défi des InsurTech sur la question du "delivery" », fait ainsi valoir Alexandre Rispal, secrétaire général de l’association InsurTech France, créée en 2020 pour fédérer ce secteur en pleine ébullition (cf. encadré ci-dessous). « Il y a encore eu de belles opérations au premier trimestre 2022, comme les levées de fonds de Descartes Underwriting, Seyna ou de +Simple, mais les choses sont en train de bouger », confirme Nelly Brossard, vice-présidente d’InsurTech France. « Les taux d’intérêt augmentent et on observe des ajustements des marchés boursiers, notamment aux États-Unis et en Asie, sur le secteur de la Tech. C’est un mouvement qui va arriver chez nous et, après cette période exceptionnelle avec beaucoup d’argent, les ceintures devraient se resserrer un peu. Les levées de fonds pourraient être plus longues, moins importantes en volume, et avec des valorisations sans doute plus “raisonnables”. Les investisseurs vont aussi avoir des critères plus qualitatifs, ce qui est un élément positif pour contribuer à rendre le marché plus vertueux », analyse-t-elle.

Alan, le pionnier

En mai dernier, Alan marquait les esprits en annonçant une nouvelle levée de fonds spectaculaire de 185 M€, un an après avoir bouclé un tour de table de 183 M€. Depuis sa création en 2016, ce sont près de 500 M€ qui ont ainsi été levés par le groupe pour financer sa croissance et son développement. Fer de lance des néo-assureurs, Alan a également profité de son nouvel apport en capital pour faire exploser sa valorisation à 2,7 Md€ et asseoir ainsi confortablement son statut de « licorne ». Mais si les chiffres ont de quoi faire tourner la tête, la réalité du bilan de l’assureur ramène quelque peu les pieds sur terre. Une réalité complètement assumée par les dirigeants. « Alan présente la croissance la plus élevée parmi tous les acteurs de l’assurance santé en France », écrit la compagnie dans son rapport. « Cette croissance rapide suppose des investissements importants les premières années […] qui conduisent à un décalage entre les coûts pour Alan (immédiats) et les futurs revenus, et donc à des pertes financières les premières années », poursuit-il en résumant « une stratégie éclairée et validée » avec ses investisseurs. En effet, après un résultat comptable négatif de 32,5 M€ en 2020, Alan a enregistré un exercice 2021 déficitaire de plus de 56 M€. Le résultat, également, d’une croissance commerciale de 86 % enregistrée l’an passé et qui porte à 255 000 le nombre d’assurés de la compagnie. La société a par ailleurs développé et lancé plusieurs services digitaux, comme Alan Mind dans le bien-être mental ou encore Alan Clear pour simplifier et réduire les coûts du parcours ophtalmologique. À la fin de l’année dernière, l’asssureur couvrait 5,4 fois l’exigence de capital de solvabilité requise. Un ratio qui, boosté par la dernière levée de fonds de série E, s’établit désormais à plus de 1 300 %. Cette année, Alan a également renforcé la protection de son bilan en ajoutant, avec Gen Re, de la diversité à son panel de réassureurs.

La diversification au menu de Seyna

Au mois de février, Seyna annonçait une levée de fonds de 33 M€ en série A, notamment pour porter ses ambitions de diversification dans l’assurance de personnes. Le fruit d’un développement réfléchi. « Les verticales non-vie sur lesquelles nous opérons ont trouvé leur rythme de croisière. La croissance est là pour démontrer que le modèle est pertinent. Pendant deux ans et demi, nous avons appris sur des marchés de niches où la compétition est moindre. Nous allons désormais pouvoir frotter notre modèle aux marchés de masse de la santé et de la prévoyance », explique Jean Nicolini, cofondateur et chief insurance officer de Seyna. « C’était également une sollicitation de pas mal de partenaires avec qui nous travaillons en non-vie et qui est cohérente avec notre appétit à développer du risque de fréquence », ajoute-t-il. Enfin, en étant très intermédiés, les marchés de la santé et de la prévoyance en France répondent au cœur de métier d’une InsurTech largement tournée vers le courtage. « Nos clients sont nos courtiers, c’est fondamental dans notre business model. Nous n’opérons ni la distribution ni la gestion et ce n’est pas notre vocation que de le faire », rappelle en effet Jean Nicolini. L’an passé, Seyna a multiplié par sept un chiffre d’affaires qui s’est établi à 18,3 M€ de primes émises sur ses cinq verticales que sont la garantie loyers impayés et la caution locative, la garantie panne/casse/vol, l’assurance annulation billetterie, la santé animale et l’affinitaire automobile. « Toutes nos verticales sont en croissance et l’activité de Seyna présente un profil de risque bien réparti », se satisfait Jean Nicolini. Au 31 décembre 2021, le ratio de solvabilité de l’assureur s’affichait à 139 %, impacté par la croissance réalisée par le groupe l’an passé, avant que la levée de fonds réalisée en début d’année ne le porte à 528 %. Comme la plupart des néo-assureurs, Seyna a choisi un modèle qui fait largement appel à la réassurance puisque les primes sont, en moyenne, réassurée à 85 %. « C’est un chiffre au-dessous duquel nous ne souhaitons pas descendre dans les années à venir », confie Jean Nicolini en rappelant le rôle « fondamental » de la réassurance dans le fonctionnement de la compagnie. « C’est un point important du business model qui permet que l’argent que nous levons soit principalement investi en direction de la croissance et du recrutement. Nous avons la surface financière d’une start-up de deux ans et demi et la réassurance répond efficacement aux problématiques de coût du capital, de protection de bilan et de nos fonds propres. Les réassureurs sont également là pour nous aider techniquement », développe-t-il. Après de grandes signatures comme celles d’Hannover Re, de Munich Re, de Swiss Re ou de Scor qui suivent Seyna depuis le début, l’assureur a élargi un panel qui compte Arch Re, Ameline ou encore Sirius. « C’est un gage que nous apportons à nos distributeurs. Seyna n’est pas seul et évolue à l’intérieur d’un écosystème solide », estime Jean Nicolini. Concentré sur la diversification de ses opérations sur le marché de la santé-prévoyance et focalisé sur la France, Seyna garde pour le moment ses ambitions internationales au chaud. Et entend, sur le sujet, procéder méthodiquement. « Nous aimons bien travailler par séquence car le risque du défocus peut être dangereux pour les petites structures comme les nôtres. Nous travaillons en LPS dans cinq pays, mais nous n’avons pas pour projet immédiat d’ouvrir un pays et d’y mettre des équipes. Lorsque la santé aura trouvé son rythme de croissance, nous ouvrirons le dossier international pour aller sur les marchés qui nous correspondent en termes de taille et de poids du courtage », confie ainsi son dirigeant.

Assurly, c’est parti !

Si Assurly n’est pas encore assureur, l’agrément ACPR est dans les tuyaux. En attendant, c’est sous le statut de MGA (le Managing General Agent équivaut peu ou prou outre-Manche au statut bien connu de ce côté-ci du channel de courtier grossiste) qu’évolue cette InsurTech dédiée à l’assurance emprunteur. « La loi Lemoine a un peu chamboulé notre calendrier », confesse Toufik Gozim, CEO et cofondateur d’Assurly. « Nous avions l’intention de devenir compagnie d’assurance dans les mois à venir, mais compte tenu des évolutions du marché au 1er juin, nous avons choisi de concentrer nos efforts sur le produit et les perspectives offertes par cette évolution très positive du marché », poursuit-il. Pour l’heure, c’est donc toujours la MNCAP qui porte le risque du produit conçu par Assurly. « En tant que MGA, nous intervenons sur toute la chaîne de valeur. Il n’y a pas de rupture et l’assuré a le même interlocuteur durant tout le processus », explique le dirigeant pour qui l’obtention de l’agrément, désormais ciblé pour la fin de l’année, permettra d’obtenir une liberté dans l’innovation de rupture. Une liberté souvent essentielle pour ces néo-assureurs. « Les transformations de produit doivent être validées par le porteur de risque et cela peut donner lieu à de longues discussions pour convaincre », témoigne le dirigeant d’Assurly. « Sortir un acteur de l’équation pour travailler en direct avec les réassureurs redonne au concepteur la main sur la tarification sans devoir passer par l’aval d’un assureur tiers qui, le plus souvent, n’est pas très disposé à changer les choses », schématise-t-il. Après une levée de fonds de 6 M€ l’année dernière, Assurly travaille sur un nouveau tour de table de 8 M€ pour se donner les moyens de communiquer massivement sur les possibilités offertes par la libéralisation du marché de l’emprunteur. « C’est une opération qui prend du temps et la crise actuelle n’aide pas », accorde Toufik Gozim qui souhaite rapidement doubler les effectifs de sa société. « Nos clients sont bluffés par la simplicité de la technologie et du système mais aussi par les économies que nous leur faisons réaliser », constate le dirigeant. « Nous sommes partis de zéro et nous avons mis deux ans à construire une chaîne de valeur dont nous sommes propriétaires de bout en bout. Cela permet d’être hyper réactifs et de proposer des tarifs ultra compétitifs », s’enthousiasme-t-il. Sans donner trop de détail sur ses chiffres, Assurly revendique « plusieurs milliers de contrats », évoque « une rentabilité en moins de cinq ans », mais surtout une approche nouvelle dans la manière d’exercer le métier d’assureur. Le néo-assureur a ainsi réfléchi à un système de comptage de pas qui, in fine, offre du cash back à l’assuré qui prend soin de sa santé. « Pourquoi ne pas remercier le client qui, en faisant du sport ou en arrêtant de fumer, baisse son coût mensuel et fait au fond gagner toute la communauté des assurés ? C’est le rôle de l’assureur de demain que d’accompagner l’assuré durant toute la vie du contrat en l’encourageant à aller dans le bon sens », expose Toufik Gozim. Une idée portée par le comité éthique d’Assurly, présidé par l’ex-sénateur Martial Bourquin, dont l’amendement en 2018 avait été le déclencheur de la création de la start-up. Une InsurTech bien entourée puisqu’on retrouve, en tant qu’investisseurs et administrateurs, des personnalités bien connues du secteur comme Guillaume Sarkozy, ancien patron de Malakoff Médéric, Patrick Lucas, ex-président de Gras-Savoye, ou Jean-Pierre Bégon-Lours, fondateur de GMF-Vie.

Acheel, Mila, Luko…

En attendant de récolter les fruits d’un marché de l’emprunteur en pleine mutation, Assurly se pose déjà la question de sa diversification. « Notre objectif est d’attaquer les autres pans de l’assurance de prêts comme le crédit à la consommation ou le crédit étudiant », livre Toufik Gozim. « Mon fils paye 40 € par mois d’assurance pour son crédit étudiant. Nous avons fait des simulations sur notre moteur de tarification qui a sorti un tarif mensuel de 2 €. Le gap est énorme », rapporte-t-il. Et comme beaucoup d’InsurTech, Assurly ne cache pas ses envies d’ailleurs. « En France, le marché de l’emprunteur est de 10 Md€. En Europe, il est de 60 Md€ et nous sommes sollicités en Espagne et en Italie pour déployer notre produit. Nous sommes une start-up, alors si une opportunité se présente, nous ne nous gênerons pas », promet-il. 2022 sera la première année de plein exercice pour deux néo-assureurs agréés par l’ACPR l’an dernier. En avril 2021, c’est Acheel qui s’est lancé dans l’assurance dommages avec la MRH et la santé animale mais aussi dans la santé individuelle en nouant un partenariat avec le courtier grossiste Wazari. L’an passé, l’InsurTech avait levé 29 M€ pour amorcer la pompe. Quant à Mila, validé par le superviseur en octobre de l’année dernière, c’est du côté de l’assurance des professionnels de l’immobilier avec le lancement d’une garantie loyers impayés et d’une assurance propriétaire non occupant que la start-up a démarré son activité.

Débarqué sur le marché de l’assurance habitation en 2018 avec le statut de MGA, l’InsurTech Luko a également, en 2022, changé de profil pour devenir assureur de plein exercice. Un changement permis par l’acquisition de son concurrent allemand Coya, qui dispose de l’agrément dans son pays d’origine. Rebaptisée Luko Insurance AG, elle est devenue la plateforme d’assurance de l’ensemble des filiales du groupe qui opèrent sous marque Luko en Europe. Le néo-assureur, qui revendique plus de 300 000 assurés, a annoncé l’acquisition d’Unkle, start-up active sur le marché des loyers impayés.

… et Wakam !

Et si le plus « néo » des assureurs était aussi le plus ancien ? Avec son profil de start-up pionnière de l’assurance embarquée et des API, c’est droit dans les yeux que l’ex-Parisienne assurances devenue Wakam regarde la nouvelle génération du haut de ses deux siècles d’existence. Une transformation qui va encore s’accélérer avec la diversification attendue du groupe sur le segment des assurances de personnes en santé et prévoyance et notamment de fortes ambitions affichées sur le segment de l’emprunteur. Après une année 2020 atone sur le plan de la croissance pour cause de pandémie, Wakam a renoué avec les progressions à deux chiffres l’an passé. Porté par le développement de son activité tant en France qu’à l’international, l’assureur affiche un chiffre d’affaires de 455 M€, en hausse de 18,5 %. Le marché attend désormais la levée de fonds annoncée par la compagnie, qui devrait donner une nouvelle poussée au développement du groupe.

Emprunteur : le questionnaire questionné…

À l’inverse, souvent, des assureurs traditionnels, les « néo » n’ont pas peur du changement. En témoigne l’enthousiasme d’Assurly sur les évolutions du marché de l’emprunteur et de la suppression du questionnaire médical pour les prêts de moins de 200 000 €. « C’est une très bonne chose », nous confie Toufik Gozim en appelant même à aller encore plus loin. « Supprimons-le complètement ! Faisons confiance à nos systèmes d’information et nos moteurs de calcul pour analyser le risque et sortir des tarifs sans avoir à poser de questions au client. On s’appuie déjà sur des statistiques pour les tables de mortalité, pourquoi on ne se baserait pas aussi sur des statistiques pour anticiper les arrêts de travail et les maladies ? », propose-t-il en précisant que cela « vaut forcément pour des acteurs qui disposent de la technologie adaptée ». Assurly, qui a baptisé son moteur de calcul Agatha en référence au personnage qui prédisait les crimes dans le film de Steven Spielberg Minority Report, estime en effet que les datas librement accessibles sur le marché sont suffisantes pour remplacer le questionnaire et analyser le risque. Une évolution incontournable ?

InsurTech : les « tradis » prêts à sortir le portefeuille ?

L’essor des InsurTech bouscule-t-il les assureurs traditionnels ? « C’est un grand oui ! », estime Nelly Brossard, vice-présidente d’InsurTech France. « Les InsurTech sont un levier de la transformation des acteurs traditionnels. Car si les néo-assureurs les challengent, de nombreuses start-up sont souvent des partenaires qui les accompagnent et les aident à se transformer sur différents maillons de la chaîne », estime-t-elle. Pour Alexandre Rispal, secrétaire général d’InsurTech France, on assiste même à un phénomène de fertilisation croisée. « Nous voyons des entrepreneurs rejoindre des compagnies d’assurance pour accompagner leur transformation et des grands assureurs créer eux-mêmes leur start-up en interne comme Covéa ou la Société générale. Le marché s’est transformé et il ne parle plus d’innovation comme il pouvait le faire en 2016 », remarque-t-il. « En plus d’être partenaires d’InsurTech, beaucoup d’assureurs y investissent. Il y a une vision beaucoup plus collaborative », confirme Nelly Brossard. Et de là à assister, comme dans le secteur bancaire, à des opérations de rachat d’InsurTech par des assureurs traditionnels, il n’y a qu’un pas qui pourrait être bientôt franchi. « Cela va arriver. Il y a beaucoup d’opérations de M & A en réflexion chez les InsurTech quel que soit le niveau de maturité et cela pourrait bien se décanter en 2022 ou 2023 », s’avance Alexandre Rispal. « Certains ne pourront

plus continuer seuls et devront soit être rachetés par une InsurTech plus importante ou s’intégrer au sein d’un groupe d’assurance. Il y a déjà des grands assureurs qui ont pris des participations importantes au sein d’InsurTech », rappelle Nelly Brossard. Avant d’aller un cran plus loin ?

Deux questions à Insurtech France avec Alexandre Rispal, secrétaire général, et Nelly Brossard, vice-présidente d’Insurtech France

Sur quelle tendance surfent désormais les InsurTech ?

A.R : Après une période exceptionnelle en termes de levées de fonds, le défi principal des InsurTech va porter sur le « delivery », que ce soit en nombre de client ou en chiffre d’affaires qui n’étaient pas forcément les critères d’appréciation les plus mis en avant entre 2019 et 2021. Il va falloir faire ses preuves et nous observons déjà une tendance à plus de sélectivité sur les projets « seed ». Une pression plus importante a également été portée sur des acteurs importants qui ont déjà réussi des séries B ou C. L’exemple d’Alan est assez illustratif et les dirigeants ont clairement dit que leur priorité portait désormais sur l’atteinte des objectifs. Le jugement final va commencer à être porté sur les pépites qui sont sorties entre 2016 et 2018 et qui arrivent à un certain stade de maturité. La période 2022-2023 ressemble, pour les InsurTech, à un moment de vérité.

N.B : Nous voyons bien, aux États-Unis et en Asie, que les fonds sont à présent plus difficiles à lever compte tenu du contexte sur les taux d’intérêt et les marchés financiers. Les valorisations vont être plus raisonnables et davantage corrélées au chiffre d’affaires et au modèle économique. Certains fondamentaux avaient peut-être été parfois oubliés et l’attention des fonds, même s’ils ont encore beaucoup de moyens, va se reporter sur les vrais sujets d’extensibilité, de modèle économique et de coûts d’acquisitions.

Va-t-on continuer à voir, en France, de nouveaux acteurs demander l’agrément pour devenir assureurs ?

A.R : Le fait de rester courtier ou MGA au démarrage limite les contraintes réglementaires et techniques et permet de se concentrer sur la technologie et le produit. Si l’idée d’après est d’apporter une vraie promesse de transformation sur le contenu des garanties et de l’expérience client, devenir assureur est légitime.

N.B : C’est une tendance de fond pour les InsurTech qui ont une certaine maturité parce que cela donne de la liberté sur le produit, la tarification et l’ensemble de la chaîne de valeur. Il y en aura de plus en plus au fil du temps et nous voyons que l’on peut très bien être assureur de plein exercice et décider de se concentrer sur des maillons précis de la chaîne de valeur assurantielle, comme le fait par exemple Wakam.

Zoom sur

Le mal de tech américain…

Les vents contraires commencent à sérieusement souffler sur les néo-assureurs aux États-Unis. En début d’année, l’assureur automobile Root avait annoncé un plan de départ de plus de 300 personnes à cause des difficultés liées à la pandémie. Au mois de mai dernier, la presse américaine s’est faite l’écho d’une cinquantaine de licenciements programmés chez Lemonade. L’assureur américain, actif en France depuis 2020, a d’ailleurs beaucoup perdu de sa superbe en Bourse. Depuis son plus haut niveau à 163 $ atteint en février 2021, le cours a plongé pour s’établir à peine plus haut que 22 $ fin mai 2022. Une conjoncture délicate qui, si elle n’a pas pleinement débarquée en Europe, impacte l’environnement des InsurTech du Vieux continent qui se retrouvent désormais face à des fonds d’investissement beaucoup plus sélectifs. 

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