Dans la poursuite de l’objectif de réduction du time-to-market, les assureurs se focalisent sur les processus de distribution et ont tendance à délaisser la gestion. Or, cette stratégie comporte des périls en ce qui concerne la lutte contre la fraude. Décryptage.
Le livre blanc « Les Français et la fraude en assurance » réalisé par Synaxia conseil en 2021 a permis d’évaluer à 13 % le nombre d’assurés fraudeurs, auxquels s’ajoutent 9 % d’assurés hésitants qui ont déjà par le passé hésité à frauder ou qui seraient passés à l’acte s’ils en avaient eu l’occasion. La population dite à risque s’élève donc à 22 % des assurés. De son côté, l’Agence de lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa) estime qu’environ 7 % des prestations en assurance de personnes, et entre 3 et 5 % des prestations IARD, seraient payées à tort.
Ces chiffres sont importants et la tendance est malheureusement à la hausse, et ce, pour trois raisons principales. Tout d’abord, la simplification des parcours s’est accompagnée d’un assouplissement des procédures et des seuils de contrôle métier, sans mise en place de contrôles ad hoc à la digitalisation pour le compenser ; ce qui facilite le parcours fraudeur ! De plus, les modes opératoires se diffusent sur les réseaux sociaux et se démocratisent. Et enfin, la quasi impunité rend le risque pris par les fraudeurs faible au regard des gains possibles.
1- L’action actuelle des assureurs est importante mais pas suffisante
Dans ce contexte et face à l’érosion des résultats techniques, la plupart des assureurs ont admis que la fraude à l’assurance ne peut plus être tolérée et simplement intégrée au risque. Nombre d’entre eux ont donc renforcé leur dispositif de lutte anti-fraude (LAF) et augmenté les moyens octroyés. Ils s’organisent et s’outillent davantage dans l’objectif d’identifier un plus grand volume de situations anormales et de traiter les fraudes avérées.