Emmanuel Macron a proposé dans son premier mandat l’instauration d’un régime universel de retraite à points. Cette réforme systémique avait le mérite de reposer les fondements de notre système de retraite mais l’inconvénient de pénaliser tous ceux qui avaient des carrières linéaires, sans accidents particuliers. Après avoir abandonné ce projet, le président de la République remet maintenant sur la table un projet de réforme des retraites qui se limiterait à agir, pour les salariés relevant du régime général et des régimes alignés, sur l’âge de départ et probablement la durée de cotisation. Le recul de l’âge de départ à la retraite a des conséquences sur l’équilibre de la branche maladie de la Sécurité sociale et des contrats de prévoyance complémentaire. Retour sur les enjeux.
Maintenir dans l’emploi des salariés plus âgés se traduit mécaniquement par une augmentation du coût des arrêts de travail pour trois raisons : le taux d’absentéisme augmente avec l’âge, la durée des arrêts de travail est plus importante, les personnes qui ne pourraient plus partir à la retraite à 62 ans ont un salaire moyen plus élevé.
Premier facteur, la fréquence des arrêts de travail augmente avec l’âge : elle était en 2018 de 2,48 % pour les moins de 25 ans, de 4,91 % pour les 41-50 ans, de 6,17 % pour les 51-55 ans et de 7,4 % pour les plus de 55 ans (1). Avec une pyramide des âges conforme à celle de l’ensemble de la population active, repousser l’âge de départ à la retraite de deux ans augmentera toutes choses égales par ailleurs la fréquence moyenne des arrêts de travail dans l’entreprise de 5,8 %. Aborder dans les négociations sur la réforme des retraites la question de la pénibilité et de l’adaptation des conditions de travail des seniors est donc une nécessité.
Deuxième facteur, la durée des arrêts de travail augmente avec l’âge. Selon la Sécurité sociale, la durée moyenne de l’arrêt de travail était en 2016 de soixante-seize jours dans la catégorie des plus de 60 ans, soit plus du double de la moyenne de l’ensemble de la population active qui est de trente-trois jours. Avec une pyramide des âges conforme à celle de l’ensemble de la population active, repousser l’âge de départ à la retraite de deux ans augmentera la durée moyenne des arrêts de travail dans l’entreprise de l’ordre de 6,8 %.