Abonnés

Jurisprudence

L’agent général peut légitimement faire confiance à la fille de son assurée qui est son « interlocutrice habituelle »

Publié le 30 novembre 2021 à 14h53

Stéphane Choisez    Temps de lecture 6 minutes

Un agent général d’assurance doit-il se méfier par principe quand il reçoit un représentant de l’assuré qui veut souscrire une police en son nom, même si ce représentant est son « interlocuteur habituel » ? C’est à une réponse négative qu’invite l’arrêt de la deuxième chambre civile de la Cour de cassation du 10 novembre 2021 (n°19-25.881) dans un dossier où la fille d'une assurée âgée de 102 ans avait signé le contrat d’assurance en lieu et place de sa mère.

Stephane Choisez, avocat à la Cour, Choisez & associés

Dans cet arrêt, nous retrouvons le classique débat sur l’existence du mandat apparent, consacré par la réforme du droit des obligations, suivant ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016, à l’article 1156 du Code civil, qui dispose que « l'acte accompli par un représentant sans pouvoir ou au-delà de ses pouvoirs est inopposable au représenté, sauf si le tiers contractant a légitimement cru en la réalité des pouvoirs du représentant, notamment en raison du comportement ou des déclarations du représenté ». Mais dans quelle mesure cet agent général aurait-il dû s’inquiéter lors de la souscription ?

Les faits

Les faits de l’espèce sont originaux, la question de la responsabilité de l’agent général ne surgissant que pour dépasser le cadre et les limites contractuelles de la garantie d’assurance. En l’espèce, le 6 avril 2007, une dame Z a conclu une police habitation auprès d'Axa, représentée par son agent général. En fait, il s’avèrera que l’assurée, âgée de 102 ans, avait confié à sa fille le soin de souscrire cette police, fille qui signera la police en P/O auprès de l’agent général. Surviendront alors deux incendies, déclarés à l’assureur, également gérés par la fille. L’assurée décèdera et l’immeuble sera vendu par les héritiers à une dame T, laquelle, subrogée dans les droits et actions des vendeurs contre l’assureur, se verra opposer des limitations contractuelles de garantie par l’assureur, qui faisaient que sa demande – d’environ 87 000 € – se heurtait à des plafonds limitant cette indemnisation à moins de 30 000 €.

Dépêches

Chargement en cours...

Les articles les plus lus

Marché

Captives : la Place de Paris en quête d’équilibre

Plus de deux ans après le décret qui a donné le top départ des captives à la française, une…

Louis Guarino La Tribune de l'Assurance 17/10/2025

Couverture

Vol au Louvre : l’État assume le risque… et cumule les défaillances

La stupéfaction qui entoure le vol en plein jour de huit pièces d’une valeur inestimable le 19…

Louis Guarino La Tribune de l'Assurance 21/10/2025

La tribune d'Arnaud Chneiweiss, Médiateur de l’assurance

Abonnés La montée en puissance des médiations

Les médiations de la consommation prennent une importance croissante en France comme en Europe :…

Arnaud Chneiweiss La Tribune de l'Assurance 27/10/2025

Dans la même rubrique

Abonnés Le Code des assurances modifié

Les règles d’indemnisation des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions ainsi que le...

Abonnés Notion de victime : l’indemnisation reste l’objectif premier

Par trois arrêts de l’Assemblée plénière ayant trait aux attentats de 2015, la Cour de cassation...

Abonnés Action en responsabilité contre un notaire et remboursement des frais d’une action en nullité de donation

Les frais exposés à l’occasion d’une procédure antérieure entre un tiers et le demandeur peuvent...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…