Confrontés à un environnement de taux durablement bas comme à la forte charge en capital des actions requise par Solvabilité II, les assureurs réorientent leur stratégie d’investissement et s’éloignent du taux sans risque des obligations souveraines. Revue de détail des composantes à considérer pour optimiser la gestion du risque crédit.
et Delphine Morgana, responsable de l’ESG, Actuaris
L’environnement de taux bas qui perdure maintenant depuis près de dix ans a globalement incité les investisseurs à chercher du rendement au-delà des taux offerts par les dettes souveraines, que ce soit auprès des grandes entreprises ou au travers de produits structurés autour du risque de crédit. Les assureurs, pourtant historiquement très investis en obligations d’Etat, n’échappent pas à cette tentation, d’autant que les actions requièrent désormais une exigence de capital forte au titre de Solvabilité II, exigence qui reflète une volatilité réelle et elle aussi pénalisante du fait de la nécessité de fournir une vision économique du bilan. De ce fait, s’il est question d’intégrer le risque de crédit dans les dispositifs de gestion des risques actuels, quelles composantes faut-il considérer ? Quels sont les facteurs influençant les spreads de crédit ? Comment repenser sa stratégie d’investissement dans ce nouvel environnement ?
Le spread de crédit représente le coût de rémunération du risque et plus précisément le rendement au-delà du taux sans risque associé à la probabilité qu’une entreprise fasse faillite. À titre d’exemple, pour un pays (ou une monnaie) donné, en supposant que les obligations émises par l’État ne puissent pas faire défaut, il est possible d’associer au taux de rémunération de ses obligations une courbe dite « courbe des taux sans risque ». Parallèlement, les obligations d’entreprise (ou corporate), présentant un niveau de risque plus élevé, auront plus de...