Combien rapporte le mécénat ? La question peut paraître saugrenue pour les puristes sensibles à la notion de générosité pure, car désintéressée, héritée d'une certaine culture chrétienne dans laquelle la discrétion du donateur est une vertu. Pourtant, le marché des "bonnes œuvres" est devenu une activité à part entière. La prolifération en France, ces dernières années, de produits-partage (1) ainsi que l'avènement de nouveaux métiers, tels les fund-raisers (2), dessinent une réalité qui s'impose à tous : une opération de mécénat n'est plus seulement l'expression d'une générosité désintéressée, mais elle relève aussi - et parfois surtout - d'une véritable stratégie de communication à part entière autant destinée aux forces vives de l'entreprise (salariés, dirigeants, actionnaires, sociétaires) qu'aux interlocuteurs extérieurs (prospects, clients, grand public, médias, pouvoirs publics, etc.). La législation française n'est pas totalement étrangère à cet engouement puisqu'elle propose divers véhicules d'incitation fiscale au mécénat qui n'ont fait que s'étoffer au cours des trente dernières années.
Le sujet est d'une brûlante actualité, tout particulièrement pour le monde mutualiste : non seulement de nombreuses entités exerçant dans le domaine de la santé et/ou de la prévoyance sont dorénavant fiscalisées selon le régime réel normal de l'impôt sur les sociétés, mais en plus, le projet de loi relatif à l'économie sociale et solidaire prévoit, dans sa version déposée au Sénat le 24 juillet dernier, d'élargir significativement le périmètre des donateurs autorisés au profit des fondations d'entreprise.