Depuis le début de la crise, les assureurs sont placés en porte-à-faux entre, d’une part, la nécessité de protéger leurs équilibres financiers dans la durée et, d’autre part, les attentes fortes et à court terme pour contribuer à l’amortissement du choc et soutenir la relance de l’économie. De telles pressions ne seront pas sans impact sur la solvabilité du secteur.
directrice exécutive du pôle Assurance au sein du cabinet d'audit et de conseil BM&A
Le choc du Covid-19 et les mesures de confinement qui se sont imposées simultanément dans toutes les régions du monde sont d’une ampleur inédite dans une période de paix et induisent des effets multiplicateurs. Un mouvement d’une telle brutalité et à une telle échelle interroge nécessairement sur la résilience du secteur financier. Une défaillance des institutions financières, notamment des assurances, pourrait sérieusement entamer les espoirs de surmonter la crise et d’en modérer les impacts économiques et sociaux. A la mi-mai, le Lloyd’s a évalué le coût potentiel pour les assureurs à environ 200 Md$, répartis à parts égales entre montant des indemnisations et dépréciation des actifs.
En France, depuis le début de la crise du Covid-19, les assureurs ont dû faire face à des pressions croissantes de la part de leurs clients, tout particulièrement les TPE et PME, de l’Etat, et plus largement de l’opinion publique. Ils ont ainsi été placés en porte-à-faux entre, d’une part, la nécessité de protéger leurs équilibres financiers dans la durée et, d’autre part, les attentes fortes et à court terme pour contribuer à l’amortissement du choc et soutenir la relance de l’économie.
L’assurance vie a globalement abordé la crise avec des fragilités…
Les assureurs français ont abordé la crise en situation de fragilité à cause du niveau historiquement bas des taux et son impact sur la solvabilité. La situation ne s’est pas s’améliorée puisque désormais l’aggravation de l’instabilité des places boursières expose de manière accrue au risque de marché les acteurs qui ont beaucoup investi en actions. Enfin, l’aversion au risque place les assureurs vie face à un arbitrage difficile à trouver entre rentabilité et risque.