Moins exposée que les banques au risque du blanchiment d'argent sale et au financement du terrorisme, l'assurance doit se montrer vigilante. Face à de nouvelles menaces, le secteur fait évoluer sa cartographie des risques et sensibilise ses réseaux et ses salariés à ce combat protéiforme.
C'est un fléau à 1 600 Md$ rien que pour l'année 2009. Soit 2,7 % du PIB mondial selon les calculs de l'ONU. Qu'on le veuille ou non, la finance et la mondialisation des échanges servent de levier aux opérations de blanchiment d'argent sale et au financement du terrorisme. Ce qui permet à certains de reprendre à bon compte la fameuse image de Chateaubriand : « Le vice appuyé sur le bras du crime. » Pour la communauté internationale, il n'est pas question de capituler face à cet ennemi sans visage : depuis vingt-cinq ans, l'arsenal réglementaire et législatif s'est durci, et, in fine, quelques affaires ont permis de démanteler des réseaux organisés : la faillite de la banque BCCI au début des années quatre-vingt-dix, tirelire de certains groupuscules islamistes, la remontée des filières planétaires mises en place par Franklin Jurado, à l'origine d'une méthode de lessivage éponyme, ou l'implication de la filière mexicaine d'une grande banque internationale avec les cartels locaux.
Passer entre les gouttes
Mais voilà : l'essentiel des coups de filets ou accusations ne concerne que les banques et les sociétés financières. L'assurance semble immunisée. À moins qu'elle ne parvienne à passer entre les gouttes. Au point que Tracfin, la cellule de renseignement financier française qui traque cette délinquance en col blanc, s'en étonne à demi-mot dans son dernier rapport annuel : « Malgré une hausse du nombre de déclarations de soupçon reçues de cette profession [1 624 sur un total de 34 268, NDLR], l'insuffisa...