Anti-sélection, quel drôle de mot ! Quelle est la façon d'interpréter ce terme, qui rentre directement dans le jargon des assureurs et plus particulièrement des actuaires ?
Dans la pratique, on sait ce qu'est la sélection : elle découle en général d'un questionnaire rempli par le futur assuré, portant sur les caractéristiques propres de l'assurance qu'il souhaite souscrire. En assurance de personnes, il s'agit souvent d'un questionnaire de santé ; en assurance automobile, les questions vont porter sur le style de véhicule que l'assuré va conduire, les bonus-malus qu'il a engrangés dans le passé, son âge, etc. À partir de ces réponses, l'assureur opère des sélections, c'est-à-dire qu'il souscrit ou non le risque, et qu'il lui fixe un prix, avec éventuellement une majoration de son prix de base (surprime).
Que peut donc être l'anti-sélection ? Le seul fait par l'assureur de ne pas pratiquer de sélection ? Et bien non. L'anti-sélection est la sélection opérée par l'assuré. Pour des raisons diverses, l'assuré se trouve dans une situation telle qu'il va avoir "intérêt" à souscrire une assurance. Cet intérêt signifie que son risque propre diffère du risque "normal", qu'il ne rentre pas dans le cadre d'une mutualisation classique, qu'il correspond à un risque non pas ordinaire mais extraordinaire, et que l'intérêt qu'il a à souscrire une assurance, fait qu'en réalité, il ne se retrouve plus dans une assurance avec un risque, mais avec une sorte de certitude. L'assuré a détecté qu'il représente, par rapport à sa configuration personnelle et par rapport au produit qu'il a l'intention de souscrire, une forme de certitude pour lui de récupérer le coût de son assurance, voire au-delà.