Depuis plus de dix ans, la dépendance est considérée comme un sujet majeur. Des offres de couverture et quelques offres d’assistance ont émergé et donnent le jour, depuis peu et de manière soutenue, à des initiatives originales notamment destinées aux aidants. Pourquoi cette cible ? Quelle place pour les acteurs de l’assurance et de la protection sociale ? Et pour quelles perspectives ?
, engagement manager, Julhiet Sterwen
Après des années de réflexion, le Parlement a acté, en juillet dernier, la création de la cinquième branche de la Sécurité Sociale. Complémentaire aux quatre autres – maladie, famille, accidents du travail et vieillesse – cette nouvelle branche « [couvre] la perte d’autonomie » (1). Cette mesure devenait de plus en plus urgente, le nombre de personnes concernées ne pouvant que croître en raison de la gérontocroissance.
Les aidants, la clé vers les aidés
Un Français sur cinq est un aidant. Et 62 % des aidants familiaux sont des actifs. Ces chiffres, réellement vertigineux, permettent de prendre immédiatement conscience de l’ampleur du sujet. A l’ampleur, ajoutons la complexité. Avec l’éclatement de la cellule familiale au siècle dernier, « les aidés vivent en moyenne à 297 km de leurs familles », nous indiquait Laurent Levasseur, président du directoire de Bluelinea. Cette distance rend encore plus ardu de conjuguer vie d’aidant et vie professionnelle : stress, fatigue, absentéisme… Et à ce tableau déjà bien complexe viennent s’ajouter, en cette année si particulière, la Covid-19 et le confinement. La rupture qu’ils ont créée a été particulièrement douloureuse à vivre pour ces aidants dont le lien avec leurs proches est primordial tant d’un point de vue pratique que d’un point de vue psychologique. Aujourd’hui, ils expriment des sentiments très lourds : vulnérabilité, désespoir, impuissance... Quand les prévisionnistes nous annoncent, en 2030, le fait que 25 % des actifs seront aidants, le besoin de solutions digitales combiné à des services de proximité ressort de manière concrète.