Face à la multiplication des intempéries, l’assurance multirisque climatique sur récoltes est à la peine en France. Ballotés entre un fonds d’indemnisation public et des assurances privées, les agriculteurs s’inquiètent. Une grande concertation est sur le point de réformer le dispositif pour en généraliser le recours. Enquête sur un système en évolution permanente depuis un demi-siècle.
MD Report
Grêle, gel, sécheresse, inondation, tempête, neige… les aléas climatiques n’ont guère épargné les agriculteurs français ces dernières années. Si la sécheresse a été prépondérante en 2015, 2018 et 2019, les inondations en 2016, le gel en 2017, les orages et grêles localisés causent bien des dégâts aussi. « Désormais, nous sommes confrontés tous les ans à une survenance de risques climatiques de plus en plus intenses qui touchent toutes les régions », observe Joël Limouzin, vice-président de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA) et président du Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE). Les aléas climatiques engendrent des coûts importants dans les exploitations agricoles. Entre les pertes de récoltes et les dommages sur les moyens de production, le Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire (CSO) chiffre la facture à un milliard et demi d’euros par an ! C’est 2 à 3 % de la valeur annuelle de la production agricole. Résultat, ces trente dernières années, la barre des 50 M€ versés a été franchie à sept reprises pour indemniser le gel, quand celle des 100 M€ était allègrement dépassée à huit reprises pour les épisodes de sécheresse. Le dispositif d’assurance aux aléas climatiques repose historiquement sur un triptyque : les contrats d’assurance sur la grêle, le Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA) et, à partir de 2005, l’assurance multirisque climatique.