Ouragans, pandémies, guerres, cyberattaques, changements géopolitiques… Les crises s’enchaînent et se combinent, plaçant les assureurs face à des défis inédits. Entre l’innovation des produits, la redéfinition du partage des risques et le renforcement de la prévention, le secteur cherche un nouvel équilibre.
L’assurance met tout en œuvre pour prévoir l’imprévisible : un incendie, une inondation, un accident de la route. Mais depuis quelques années, les sinistres ne surviennent plus isolément. Ils s’additionnent et se renforcent mutuellement. C’est ce qu’on appelle les polycrises, un enchevêtrement de chocs simultanés qui augmentent les impacts. La pandémie de Covid-19 a constitué le premier cas d’école. Dès 2020, les assureurs ont dû jongler avec des arrêts d’activité massifs, des litiges sur les pertes d’exploitation, une envolée des dépenses de santé et, en même temps, des catastrophes naturelles comme les incendies géants en Californie ou les tempêtes en Europe. À la crise sanitaire s’est greffée une crise économique mondiale, aggravant les défauts de paiement couverts par l’assurance-crédit. Un cocktail inédit.
En 2022, c’est la guerre en Ukraine qui a déclenché un nouvel effet domino. Aux pertes directes liées aux dommages matériels et aux risques politiques se sont ajoutées l’explosion des prix de l’énergie, la flambée de l’inflation et l’augmentation des coûts de réparation. Les assureurs dommages, eux, ont vu grimper les indemnisations automobiles et habitation, simplement parce que réparer une carrosserie ou remplacer une chaudière coûtait 20 à 30 % plus cher.
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Le climat, enfin, joue le rôle d’accélérateur permanent de crise. Les sécheresses de 2022 en Europe et en Chine ont mis à mal les récoltes, réduit la production hydroélectrique et perturbé les chaînes logistiques. Le résultat, ce sont des pertes agricoles massives, des arrêts industriels coûteux et une hausse des prix alimentaires, qui a nourri tensions sociales et risques politiques.