Les niveaux de prime de l'assurance des marchandises transportées sont orientés à la baisse depuis quinze ans sans que le marché ne souffre pour autant d’un déficit de capacités. Après une vague de concentration en 2015-2016, de nouveaux acteurs, comme WeSpecialty ou Ergo, sont venus enrichir le marché. « Les compagnies ou agents souscripteurs affichent toujours des engagements qui oscillent entre 25 et 60 M€ », indique Marie-Laure Tournebize, directrice maritime et transport chez Gras Savoye. Et pourtant, la fragilité de la branche transport existe bel et bien, même si elle est plus aiguë pour l’assurance des corps.
Ratio combiné négatif
Ainsi, le Lloyd’s est désormais incapable de compenser le décalage entre les sinistres enregistrés et les primes récoltées. En marine, son ratio combiné reste négatif, même après la reprise de provisions antérieures, à 106 % en 2016. Et sur le marché français aussi, les provisions acquises par le passé ne permettent plus de compenser la fragilité actuelle du marché.
« Nous sommes pris en étau entre d’une part la surcapacité des assureurs maritimes avec de nouveaux venus sur un marché déjà saturé, et d’autre part le prix de la matière assurable qui subit une baisse drastique en lien avec la chute des taux de fret et le ralentissement de la croissance mondiale », avertit Mathieu Daubin, responsable de la souscription marine chez Axa CS. Pour autant, les signes de retournement ne sont encore que des frémissements : stabilisation des prix, réticences aux engagements de long terme, durcissement du marché de la réassurance. « Les assureurs sont plus sélectifs avec des refus d’affaires », constate Guy-Louis Fages à l’Amrae.