Incertitude géopolitique, marchés financiers sous haute tension, effritement du modèle social… Une fois de plus, la nouvelle saison de l’assurance vie s’ouvre sous des auspices bien difficiles à déchiffrer. Boosté par la remontée des taux mais fragilisé par l’inflation, le modèle de l’épargne-vie doit négocier un virage délicat pour, en prenant doublement appui sur les fonds euros et les supports en unités de compte (UC), maintenir le cap d’une gestion du risque durable.
La feuille de route à déployer en ce printemps 2023 n’est pas des plus simples. Alors que comme le rappelle Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, « depuis trois ans, les unités de compte sont devenues le moteur de la croissance de l’assurance vie au point de représenter près de la moitié de la collecte », faut-il comme le suggèrent certains redorer le blason « garantie-liquidité-rendement » du fonds euros ? Tenter d’apporter une réponse à cette question exige de sortir de la logique binaire qui la sous-tend. Après vingt ans de baisse continue du rendement du fonds euros, le marché de l’épargne vie inaugure en effet un nouveau cycle complexe aux enjeux multiples d’où émergent actuellement au moins cinq problématiques.
Rendement, les fonds euros vont-ils redevenir attractifs ?
Annoncé par France assureurs à 2 %, le taux moyen 2022 des fonds euros a bondi de 70 points de base en un an, renouant avec les niveaux de 2016 (1,9 %). Rapportée à celle de l’inflation (+5,2 % en moyenne annuelle en 2022), cette progression reste fort relative mais ne signe pas moins l’ouverture d’un nouveau cycle de développement pour ces supports garantis. « La hausse des taux obligataires a permis d’effectuer à nouveau des investissements attractifs en termes de taux d’intérêt comptables, ce qui est très positif pour l’avenir du fonds euros », confirme Fabrice Bagne, directeur général adjoint BNP Paribas Cardif, responsable France et Luxembourg.
Certes, encore majoritairement investis en obligations d’état et d’entreprises (respectivement 25 % et...