À quelques jours de la réponse à l’appel d’offres du ministère de l’Éducation nationale et à tout juste un an de sa mise en œuvre, Fabrice Heyriès, directeur général de MGEN, dresse le bilan 2024 et les objectifs à venir du groupe dont le chiffre d’affaires 2023 s’élève à 3,29 Md€ pour plus de 4 millions d’adhérents et près de 10 000 collaborateurs.
Quels sont les résultats techniques de MGEN en 2024 ? Avez-vous atteint vos objectifs ?
2024 était une bonne année ! Nous avons atteint nos objectifs de développement, notamment à l’international et dans les contrats collectifs. Économiquement, nous avions fait une prévision de prestations santé en fonction des transferts de charge de l’Assurance maladie vers les Ocam. Nous avons donc construit nos budgets 2024 en prévoyant des hausses de cotisations destinées à couvrir ces charges supplémentaires et nos prévisions n’ont pas été dépassées. Pour le reste, nous avons parfaitement maîtrisé nos frais généraux, qui sont sur une trajectoire de baisse.
Comment tarifez-vous vos contrats santé pour 2025 ?
Pour prévoir les cotisations de l’année à venir, nous prenons en compte deux éléments principaux : d’une part, l’inflation naturelle des prestations de santé prévisible pour la population que nous assurons, et d’autre part, l’effet des diverses décisions publiques. Si ces charges augmentent, nous indexons nos tarifs de la même manière, pour éviter une dégradation de nos équilibres.
De fait, quelle hausse pour vos tarifs cette année ?
Nous avons prévu pour 2025, sur la base des informations datant de début octobre 2024 (l’évolution des tickets modérateurs et prix des médicaments), d’intégrer dans nos tarifs l’équivalent des transferts de charge annoncés par la Sécurité sociale (environ 1 Md€). Depuis, le projet gouvernemental a évolué mais le transfert de charge annoncé reste de même ampleur pour 2025. De nombreuses incertitudes demeurent cependant, et nous ferons le bilan de cet exercice devant notre gouvernance pour en tirer toutes les conséquences.
Combien d’adhérents compte MGEN en assurance santé à fin 2024 ?
Nous connaissons un fort développement en 2024 avec des gains dans le champ du collectif. En assurance santé, nous protégeons 3 millions d’adhérents (3,2 millions en prenant en compte les ayants droit).
Et en prévoyance ?
Environ 2 millions d’adhérents sont couverts par un contrat prévoyance.
Comment procédez-vous lorsque vous répondez aux appels d’offres des administrations publiques ?
Nous avons mis en place une équipe grands comptes afin de mieux structurer nos réponses aux appels d’offres. Nous répondons à des appels d’offres, que ce soit en santé ou en prévoyance, où nous considérons que les cahiers des charges sont équilibrés économiquement parlant. Nous essayons de proposer des tarifs attractifs en répondant le mieux possible aux attentes des administrations publiques, et en intégrant des services et dispositifs correspondant aux besoins des agents du service public qui constituent notre base d’adhérents.
Pour quels ministères avez-vous candidaté ? Et quand aurez-vous les réponses de ces appels d’offres ?
Nous nous sommes positionnés en priorité sur les ministères que nous connaissons le mieux par notre histoire ; c’est ainsi que nous avons répondu aux appels d’offres des ministères de l’Écologie, de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, ainsi que du ministère de la Culture.
Il y a quelques mois, nous avons complété cette stratégie en nouant des alliances avec des mutuelles affinitaires (MAEE, MGP, MGAS, MNH, Relyens) afin de combiner nos expertises spécifiques et complémentaires pour répondre à des appels d’offres en commun. Cette stratégie s’est avérée payante puisque nous avons remporté l’appel d’offres des ministères sociaux début février pour la santé obligatoire et la prévoyance facultative, en collaboration avec MGAS, Relyens et la MNH.
Nous avons par ailleurs aussi remporté les appels d’offres du ministère de la Culture et du Conseil d’État/juridictions administratives pour la santé des agents et des personnels de ces deux administrations. Nous attendons encore des réponses d’ici la fin du premier trimestre et sommes déjà à l’œuvre pour le déploiement des marchés que nous avons emportés.
Que se passerait-il si vous ne remportiez pas l’appel d'offres du ministère de l’Éducation nationale ?
La réforme de la protection sociale complémentaire (PSC) nous impose une mise en concurrence dont nous comprenons la logique, et nous avons développé depuis trois ans des efforts considérables pour répondre aux exigences des appels d’offres. Aujourd’hui, nous sommes prêts et, en cohérence, sommes convaincus de constituer la meilleure réponse aux attentes des ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement et de la Recherche.
Misez-vous sur un « rééquilibrage de votre portefeuille » afin de préserver votre activité ?
La recherche de meilleurs équilibres est en effet pertinente, et nous avons pris de nombreuses initiatives à cette fin. C’est ainsi que nous sommes partis en développement santé sur un périmètre plus large de clients publics et parfois privés, et à l’international. Nous proposons par ailleurs un éventail de protections beaucoup plus large à nos adhérents, en développant nos garanties prévoyance, retraite, épargne ou encore protection juridique en complément de la santé. Les résultats enregistrés depuis trois ans dans ces directions sont déjà substantiels, et même remarquables.
Qu'en est-il de votre fonds Racine2 lancé en février 2022 ?
Nous souhaitons, via ce fonds hébergeant à terme 85 M€, soutenir des entreprises à fort potentiel d’impact dans leur démarrage et leur croissance, avec des financements allant de 500 000 à 3 M€. Nous soutenons par exemple la banque verte en ligne Hélios ainsi que des start-up comme May (accompagnement des parents et futurs parents dans leur parentalité) et Lokki (location d’équipements sportifs professionnels).
Que pouvez-vous nous dire sur le PERin lancé après la loi Pacte ?
Nous remarquons une réelle appétence auprès des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Sur l’année 2024, nous avons souscrit près de 7 500 contrats. En général, les nouveaux adhérents souscrivant au PERin ont autour de 30 ans et versent une somme chaque mois pour préparer leur retraite. Ce qui veut dire que nous garderons ces contrats plusieurs décennies en portefeuille, en continuant à renforcer une relation particulièrement singulière entre MGEN et les agents du service public.