Seule une stratégie de pilotage résiliente, basée sur une bonne appréhension des risques liés à la biodiversité, peut aider les organismes d’assurance vie et les fonds de retraite professionnelle supplémentaire à se conformer à l’article 29 de la loi énergie climat.
Inventé en 1986, le mot « biodiversité » désigne la fraction vivante de la nature, dans toute sa diversité et sa complexité et met en évidence les diversités du vivant. Son effondrement a été caractérisé récemment, de manière précise, par les travaux de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qualifié parfois de Giec de la biodiversité (1). Les vitesses d’extinction atteignent des taux inédits dans l’histoire de la vie sur Terre : en l’espace de trente ans, nous risquons de perdre 1 million d’espèces vivantes, 30 % des vertébrés du monde entier (oiseaux, batraciens, poissons, mammifères), plus de 40 % des arbres européens. L’IPBES classe l’ensemble des conséquences de l’effondrement de la biodiversité selon cinq types de pressions : la suppression des habitats, les prélèvements excessifs au sein des populations, le changement climatique, les pollutions et les espèces exotiques envahissantes. Ces différents types de pressions agissent de manière concomitante avec des effets qui s’additionnent entre eux.
La biodiversité, source de services et de risques
Régulation du climat, provision d’aliments, provision de médicaments, maintien de la qualité des eaux… sont autant de services que fournit la biodiversité. Ces services écosystémiques sont, pour la plupart, existentiels et irremplaçables. L’effondrement de la biodiversité entraîne leur dégradation, ce qui représente une source majeure de risques :
- la baisse voire l’effondrement de la productivité agricole est l’une des conséquences les plus importantes du déclin de la biodiversité ;
- la transformation de l’usage des sols supprimant les habitats des animaux et l’usage des pesticides font décliner les pollinisateurs nécessaires à de nombreuses cultures. À cela s’ajoutent les sécheresses provoquées par le réchauffement climatique ou encore la faible résilience aux parasites des monocultures ;
- la perturbation du cycle de l’eau est notamment due à la suppression de la végétation et à l’artificialisation des sols ;
- enfin, le morcellement des milieux naturels et l’expansion des zones artificialisées tend à rapprocher des espèces qui ne cohabitaient pas, ce qui facilite l’émergence croissante de zoonoses, comme le VIH ou Ebola.
Cette crise d’une ampleur sans précédent menace « la...
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