L’intérêt majeur de l’arrêt du 15 décembre 2021 est de permettre de comprendre aisément pourquoi le contentieux de la réception tacite est si important au niveau de la Cour de cassation.
Il est parfois nécessaire de revenir aux fondamentaux d’une matière pour en comprendre l’évolution, comme le démontre le développement récent du contentieux sur la réception tacite. Sans être révolutionnaire, l’arrêt de la 3e chambre civile de la Cour de cassation du 15 décembre 2021 (1) mérite l’attention en ce qu’il rappelle précisément l’importance de la réception en droit de la construction, en disposant que, « en l'absence de réception, la garantie décennale n'est pas applicable, la cour d'appel a violé le texte susvisé ».
Pour rappel, la réception relève d’une définition légale de l’article 1792-6 al. 1 du Code civil selon laquelle elle représente « l’acte par lequel le maître d’ouvrage déclare accepter l’ouvrage avec ou sans réserve. Elle intervient à la demande de la partie la plus diligente, soit à l’amiable, soit judiciairement. Elle est en tout état de cause prononcée contradictoirement ». La réception peut donc intervenir soit sous forme expresse, soit sous forme tacite, soit être prononcée judiciairement. Aucune forme n’ayant été requise par les textes, la Cour de cassation admet de façon constante la réception tacite (2). Cependant, la signature d’un procès-verbal de réception reste la forme la plus sécurisée pour éviter le contentieux. La réception marque le point de départ des garanties biennales et décennales (3). La réception judiciaire est quant à elle prononcée par le juge en cas d’absence de réception amiable à la demande de l’une ou l’autre des parties....