L’inversion des courbes de taux pose un défi inédit pour la gestion de l'assurance. Les rendements élevés des taux courts attirent mais créent aussi des risques de réinvestissement et de solvabilité.
Au-delà d’une très forte hausse des taux, la gestion assurantielle doit composer, depuis 2022, avec un contexte de courbes inversées, assez inédit tant par son occurrence que par sa longévité : le seul épisode d’inversion en Europe, depuis l’avènement de l’euro, remonte à la crise de 2008 et n’a duré qu’un trimestre environ. À fin août, le taux d’emprunt d’État français à un an rémunérait environ 20 points de base de plus que le taux à dix ans (1), cette différence était même de l’ordre de 50 bps sur la courbe des taux ESTER (2).
Théoriquement, une courbe durablement inversée ne devrait pas avoir de sens dans la mesure où cela signifie que les investisseurs ne seraient plus rémunérés pour leur « patience ». Mais en pratique, ces configurations traduisent des perspectives de dégradation économique et de désinflation, amenant les banques centrales à assouplir les conditions monétaires. En effet, si les taux longs sont significativement impactés par les anticipations de croissance et d’inflation à long terme, les taux courts sont davantage le reflet des anticipations de politiques monétaires. À terme, la matérialisation de ces perspectives est censée se traduire par une normalisation des courbes et donc une repentification de celles-ci.
Normalisation attendue
Or, cette normalisation se fait attendre depuis désormais plus de deux ans avec des anticipations de marché qui ne se matérialisent pas ni en termes de conjoncture, avec des attentes de récession continuellement repoussées dans le temps, ni en...