Face à des risques devenus systémiques et à une solidarité collective sous tension, le modèle de l’assurance entre dans une phase de transformation nécessaire.
Le principe d’assurabilité repose sur trois conditions : le risque doit être aléatoire, mesurable et économiquement supportable. Or, les évolutions récentes fragilisent ces fondations. Ces évolutions ne constituent pas seulement un défi opérationnel pour les assureurs. Elles interrogent plus largement l’équilibre du pacte de l’assurance, fondé sur une solidarité collective qui atteint aujourd’hui ses limites face à des risques devenus systémiques. Comment adapter ce modèle pour préserver un accès durable à la protection, tout en garantissant sa viabilité économique ?
Solidarité face aux risques systémiques : le modèle français à l’épreuve
Les catastrophes naturelles et climatiques sont plus fréquentes, imprévisibles et dévastatrices. En France, l’année 2024 a marqué un record : des pluies et inondations inédites ont entraîné une hausse de 12 % (1) des dégâts des eaux, désormais premier poste de sinistres en assurance habitation. Dans le même temps, l’explosion des coûts de réparation et de main-d’œuvre accentue la pression sur les primes et fragilise la solvabilité des assureurs. Les conséquences sont déjà visibles. En 2025, 1 500 communes n’ont pas trouvé d’assureur, faute de réponses aux appels d’offres ou en raison de primes jugées prohibitives. Elles doivent alors puiser dans leurs fonds propres, au détriment d’investissements essentiels.
Face à ces tensions, le régime Cat Nat constitue le principal outil d’amortissement. Instauré pour protéger particuliers et entreprises contre les événements exceptionnels, il repose sur une surprime...