Des œuvres qui frisent le demi-milliard d’euros, le peintre le plus célèbre et convoité, des prêts hautement diplomatiques, une assurance sur le marché anglais en plein Brexit… L’exposition Léonard de Vinci que présente le Louvre a tout du cas d’école pour comprendre la complexification de l’assurance des expositions temporaires. Reportage.
journaliste
C’est le tableau le plus cher du monde. Adjugé en 2017 à 480 M$ (450 M€), le Salvator Mundi résume l’hystérie qui règne autour de son supposé auteur : Léonard de Vinci. « Léonard a conquis cette aura de son vivant, mais à l’époque les gens étaient raisonnables, sourit Vincent Delieuvin, commissaire de la très médiatique exposition Léonard de Vinci que présente le musée du Louvre jusqu’au 24 février. Au XIXe siècle, la génération symboliste, de Théophile Gautier à George Sand, lui a donné une épaisseur énigmatique qui n’a fait que croître jusqu’aujourd’hui et fait de Léonard un personnage occulte et fascinant. » Conséquence pour l’historien de l’art : « A tous les stades de la préparation, tout est plus compliqué dans une exposition Léonard. » Au vu des difficultés, la formulation du conservateur se fait litote.
Contrat de dernière minute
Guerre de réputation entre grands musées, épineuse responsabilité sur les attributions, mais aussi instrumentalisation diplomatique des prêts italiens accordés en 2017, reniés en 2018, réaccordés en septembre, puis re-refusés en octobre... A une semaine de l’ouverture de l’exposition, le Louvre ne savait toujours pas avec certitude quelles œuvres seraient du voyage, ce qui n’est pas sans impact sur le travail de l’assureur. « Dans l’absolu, l’absence de liste de prêts définitive a un impact sur l’assurance. Le retrait d’une toile à plusieurs dizaines ou centaines de millions d’euros influe sur la prime, explique Julie Hugues, nouvelle directrice art et privée chez Hiscox. Mais dans le détail, les choses ne sont pas aussi simples car la multiplicité des enjeux qui se superposent font que ce type d’exposition n’est pas couvert par un seul contrat d’assurance. »