Le mouvement des gilets jaunes a mis en exergue la problématique de la perte d’exploitation sans dommage, qu’en est-il des couvertures ?
La PE sans dommage n’est qu’une partie de la problématique de ce mouvement social qui constitue un vrai événement de marché. Alors même que le mouvement continue chaque samedi, de combien d’événements parlons-nous, quelles sont les conséquences sur les polices en place suite à dommages ou pas ? C’est un test grandeur nature sur lequel mi-février nous travaillions toujours pour quantifier les pertes et indemniser le cas échéant. Beaucoup d’entreprises ont été « empêchées » ; quand il y a des extensions au contrat dommages concernant l’impossibilité d’accès et/ou la désaffection du public, comment vont-elles être actionnées ? Les montants de garantie sont-ils suffisants au regard du préjudice ? Autant de questions auxquelles nous sommes toujours en train de répondre.
La prise de conscience des entreprises sur leur exposition s’est-elle accentuée à l’occasion du mouvement ?
Très clairement. Tout au long de 2018, Marsh a réalisé une trentaine d’études sur ce thème de la PE sans dommage. Depuis le début de l’année, nous en recensons déjà quarante. Chaque événement majeur tel que celui des gilets jaunes crée un pic de préoccupation. Cela a été le cas en 2005 à l’occasion des violences urbaines, en 2010 et 2011 sur la base des catastrophes naturelles en Asie et en Islande, ou encore en 2015 à la suite des attentats en France.
Cette prise en compte du risque donnera-t-elle lieu à davantage de souscription ?
La PE sans dommage est une problématique majeure pour les entreprises, l’assurance peut traiter la sévérité mais étant donné sa complexité à scénariser et la poignée d’assureurs à même de la porter, une couverture aura toujours un niveau de rétention et un tarif élevés. Dès lors, les études ne donnent lieu à des souscriptions que si la criticité du risque pour le compte d’exploitation de l’entreprise est bien perçue par la direction générale.