Comment s’est déroulée la campagne des renouvellements 2016 sur le marché des grands risques ?
Le marché des grands risques est très soft et reste à l’avantage des assurés. Nous assistons à la onzième baisse successive des taux, et les capacités continuent à affluer. Des assureurs chinois cherchent à couvrir des risques européens, en se plaçant aujourd’hui en coassurance et peut-être à terme en apériteur. Cet afflux tire encore les tarifs vers le bas. En réponse, les rapprochements entre acteurs se multiplient, démontrant la volonté stratégique des assureurs de réduire la concurrence pour permettre une remontée des prix. Les compagnies cherchent à assainir leurs souscriptions, par exemple en imposant des niveaux de franchises élevés, se plaçant de fait sur les franges très catastrophiques des risques. Ils s’intéressent davantage à la catastrophe qu’à la fréquence. En conséquence, les industriels ont mis en place des systèmes de rétention et renforcé le recours à leurs captives. Mais les assureurs perdent de fait leur savoir-faire sur les risques de fréquence.
Dans ce contexte baissier, quelle est la stratégie des industriels ?
Aujourd’hui, les risk managers cherchent à étendre leurs couvertures. Ils souhaitent des garanties immatérielles couvrant par exemple les pertes d’exploitation dues à une attaque cyber, à une interruption de service d’un fournisseur ou à un acte de terrorisme autour d’un site. Leur volonté est également de verrouiller les contrats sur plusieurs années, entre trois et cinq ans. L’enjeu aujourd’hui est d’obtenir plus de capacités pour le même prix. Pour choisir ses partenaires, le rating et donc la solidité financière est le critère déterminant. La réputation dans la gestion et l’indemnisation est également importante, ainsi que la présence d’une équipe décisionnelle accessible à Paris.