Particulièrement exposés aux risques naturels, les départements et les collectivités d’Outre-mer pâtissent pourtant d’une couverture lacunaire. Cette sous-assurance endémique, tant pour les ménages que pour les entreprises et les collectivités, préoccupe les pouvoirs publics. Enquête sur les complexités du marché de l’assurance ultramarin.
Nulle autre région de France ne cumule autant de fragilités face à la nature. Les Antilles est le seul territoire français en zone de sismicité forte. Les cyclones et leurs crues marines frappent ces îles chaque année davantage. Sans parler des seuls volcans en activité du territoire national à La Réunion, en Martinique et en Guadeloupe. L’année 2017 a marqué les esprits avec ses ouragans Irma sur Saint-Martin, puis Maria sur la Martinique et la Guadeloupe. Paysages ravagés, habitants traumatisés, dommages exceptionnels. Or, la moitié seulement des biens détruits étaient couverts, soit 2 Md€ sur un coût total de 4 Md€. Seul un ménage sur deux est assuré en MRH aux Antilles quand ce taux d’assurance s’élève à 97 % dans l’Hexagone.
De quoi susciter chez les pouvoirs publics une prise de conscience : auditionné en 2019 par l’Assemblée nationale (1), le directeur adjoint de la Fédération française de l’assurance (FFA) calculait : « Rien que pour les Antilles et La Réunion l’historique des indemnisations des assureurs depuis 1995 montre un montant moyen en matière de dommages de 130 M€ par an au titre des catastrophes naturelles. » Lissé sur vingt ans, l’Outre-mer (2) représente 10,8 % du montant de la sinistralité Cat Nat du marché français, précise la Caisse centrale de réassurance (3). Un taux en constante augmentation. Et que dire de l’avenir : affinant les prévisions du Giec, la CCR prédit pour la Guadeloupe une augmentation de la fréquence des cyclones de l’ordre de 42 % d’ici à 2050.