Fleurons des secteurs du transport, de l’énergie, de la distribution d’eau ou des urgences sanitaires, les quelque 200 entreprises bénéficiant du statut d’OIV (opérateur d’importance vitale) en France peuvent mettre en péril le bon fonctionnement et la sécurité du pays tout entier. Pour protéger ces structures systémiques, les assureurs doivent composer entre activités à haut risque et exigences de l’État.
Journaliste
De prime abord, le sigle « OIV » paraît banal, presque insignifiant. À première vue seulement. Car si pour le commun des mortels ces trois lettres n’évoquent pas grand-chose, il s’agit pourtant de l’acronyme le plus sensible que notre pays et ses intérêts connaissent.
Pour « OIV », comprenez « opérateurs d’importance vitale ». Ils sont définis par l’article L. 1332-1 du Code de la défense comme les « opérateurs publics ou privés exploitant des établissements ou utilisant des installations et ouvrages dont l’indisponibilité risquerait de diminuer d’une façon importante le potentiel de guerre ou économique, la sécurité ou la capacité de survie de la nation ». Il s’agit donc des entreprises dites sensibles, critiques, voire systémiques que compte l’Hexagone. Le décor étant planté, la question des assurances et de la couverture de ces structures à risques se heurte d’abord à une difficulté de taille : personne ne connaît, officiellement, qui sont les entreprises référencées en tant qu’OIV. Cette liste établie par le Premier ministre est classifiée. « Leur liste et leur nombre sont secrets. Même les entreprises concernées n’ont pas le droit de déclarer qu’elles sont OIV. En tant que courtier, nous ne sommes donc pas au courant de leur statut », explique Stanislas Chapron, président du directoire de Marsh France.
Secret de polichinelle
De manière officielle, courtiers et porteurs de risques de ces entreprises au « statut fantôme » sont peu loquaces, voire mal à l’aise, sur un sujet d’habitude confidentiel....