Stéphane Choisez, avocat, cabinet Choisez & associés
« Les systèmes de recherche peuvent être de formidables assistants numériques, mais j’ai le plus grand doute sur le discours publicitaire où l’on tend à vendre de la « prédiction » de jugement qui n’a pas de sens. Connaître la moyenne de condamnation, dans tel type de préjudice, n’est pas prédire un résultat, c’est davantage utiliser une règle de trois et calculer une moyenne. L’erreur que font beaucoup de gens face à cette technologie, et à l’intelligence artificielle, c’est de croire que le droit est une science mathématique alors qu’il ne s’agit que d’une science sociale, où la certitude n’existe jamais. Comment pourrait-il en être autrement puisque, en France, la règle du précédent anglo-saxon n’existe pas ? Quant au fait que des robots remplacent les avocats et les magistrats, le jour où l’on en sera là, croyez-moi, tous les autres métiers auront disparu ! »
Florence Bidard, responsable des lignes responsabilités civile et environnement pour la France chez Liberty Mutual
« La déshumanisation inhérente à la progression de la technologie va en même temps complexifier la recherche des responsabilités, augmenter le nombre de mises en cause et multiplier les contentieux. Pour une prestation donnée, l’intelligence artificielle peut augmenter le nombre de litiges. Selon la chaîne d’acteurs impliqués, plusieurs variables devront être analysées en vue de déterminer les responsabilités en cas de réclamation, avec des recours plus compliqués à obtenir. On peut aussi penser que les risques seront moins maîtrisés. Par ailleurs, on se rend compte que la technologie établit de la distance entre les...