Confrontés à une forte exposition aux risques climatiques et sociaux, les territoires d’outre-mer subissent une instabilité chronique. Retraits d’opérateurs, suspensions de souscriptions et exclusions de garanties se multiplient. En dépit de rapports publics convergents, le « protection gap » ne fait que se creuser, annonçant une crise systémique imminente. Enquête.
Aucun autre territoire français ne cumule une exposition aussi aiguë aux risques naturels majeurs que les départements et collectivités d’outre-mer. Bien que ne regroupant qu’environ 2,6 millions d’habitants, ces douze entités, réparties sur les bassins Atlantique, Indien, Pacifique et Antarctique, concentrent à elles seules près de 25 % des sinistres liés aux catastrophes naturelles, selon la Caisse centrale de réassurance (CCR). Cette vulnérabilité intrinsèque s’amplifie sous l’effet du changement climatique. Les travaux du GIEC (1) et de Météo-France (2) confirment une intensification des cyclones tropicaux, à la fois plus fréquents et plus destructeurs, exacerbant les risques hydro-climatiques et sismo-volcaniques. Sur le plan assurantiel, la pression est déjà palpable. France assureurs recense, entre janvier 2024 et février 2025, trois cyclones majeurs ayant touché les outre-mer – Belal et Garance à La Réunion, Chido à Mayotte – pour un total de près d’un milliard d’euros de dommages assurés, dont 500 M€ pour le seul cyclone Chido à Mayotte. En parallèle, la recrudescence des pluies extrêmes provoque des crues soudaines et des inondations à répétition, notamment dans les zones littorales des Antilles et de La Réunion, avec des conséquences significatives sur les infrastructures et le bâti.
Une double vulnérabilité climatique et sociale
Phénomène encore discret, les submersions marines représentent un risque émergent pour les territoires ultramarins. « En Martinique, 5 % du linéaire côtier pourraient être perdus d’ici...