A la fois prêteur en dernier ressort, loueur de fonds propres et précieux assistant à l'assurabilité des risques, le réassureur est totalement absent du marché de l'épargne. Pourquoi ? Eléments de réponse.
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A l'exception de celui passé par le bancassureur Natixis, il n'y a pas l'ombre d'un traité de réassurance pour couvrir l'activité vie en euros des assureurs du marché français. Forts du succès de l'assurance vie à la française ces trois dernières décennies, les portefeuilles de contrats vie en euros, et les fonds généraux qui les accompagnent, atteignent pourtant des dimensions stratosphériques. Chez les plus gros acteurs, le fonds général dépasse allègrement le seuil des 50 Md€.
Crise financière et décollecte historique l'an dernier obligent, de plus en plus d'assureurs réorientent leur stratégie et délaissent l'assurance vie en euros. Mais pourquoi ne recourent-ils pas plutôt à la réassurance ?
Faible rentabilité technique
« Le scénario de la couverture de l'activité vie en euros par le biais de la réassurance est séduisant pour la cédante, moins pour le réassureur. Simplement parce que c'est aujourd'hui une activité industrielle à faible rentabilité technique », explique Christophe Eberlé, président de la société d'actuariat conseil Optimind Winter. Et si les assureurs directs peuvent espérer compenser cette faible rentabilité en dopant leur activité vie en unités de compte, les réassureurs n'ont rien à attendre de ce côté-là.
Pourtant, la gestion actif-passif (asset and liability management ou ALM) devient le nerf de la guerre pour les assureurs vie. En effet, quand, par le passé, les obligations d'Etat rapportaient entre 7 et 9 % de revenus financiers aux assureurs, leur engagement à servir 4,5 % de...