La multiplication des sinistres en musées invite à s’interroger sur leur mode de gestion des risques et des crises. Alors que ces institutions sont poussées à plus d’autonomie et d’indépendance financière, vont-elles davantage s’ouvrir au management des risques ? Qui, dans un milieu scientifique, se charge de la prévention et décide d’un éventuel transfert des risques ?
journaliste
En quelques heures, le lundi 15 avril, 1 300 ans de l’histoire française brûlaient sous nos yeux. Le drame de Notre-Dame de Paris l’a rappelé avec force : le patrimoine est vulnérable. L’inondation du musée de Montargis en 2016 (lire La Tribune de l’Assurance de mars 2019), le vandalisme dont a été victime en 2013 au Louvre-Lens La Liberté guidant le peuple, icône de la Révolution de 1830 signée Eugène Delacroix, ou encore le vol spectaculaire d’une toile de Paul Signac, estimée à plus d’1 M€ au musée des beaux-arts de Nancy en mai 2018, montrent combien l’adage « ça n’arrive qu’aux autres » ne tient pas plus pour ces institutions que pour tout un chacun. Alors, les musées très frileux en matière d’assurance sont-ils exemplaires en matière de gestion des risques ?
Péril en la demeure
En tout état de cause, les collections sont les premières à bénéficier d’un système de protection et d’anticipation des risques grâce à une prise de conscience ancienne qui s’ancre dans les années 1980 et la naissance de la conservation préventive. Ces procédures (bichonnage, hygrométrie, caisserie…) pensées pour la sauvegarde de l’objet authentique sur le long terme, n’échappent pas à l’évolution commerciale de la culture. « Dans le mouvement actuel de modernisation des musées tournés vers la mondialisation, avec des expositions internationales, ils ne prêtent que peu d’attention aux nouveaux risques, observe Jacques Lemoine, directeur France d’Eeckman. Les musées français prêtent à l’étranger (souvent contre...