L’Union Européenne autorise la libre circulation des motos de plus de cent chevaux. Au grand dam de la France qui n’a toujours pas abrogé leur bridage, ni transposé la directive européenne les concernant.
journaliste
Quand la France veut ménager la chèvre et le chou, elle mécontente tout le monde. En cause : le règlement dit R 168/2013/UE de la Commission européenne autorisant à partir du 1er janvier 2016 la libre circulation des motos de plus de cent chevaux, si elles sont homologuées aux normes Euro IV. Cette décision s’impose à tous les États membres de l’UE. Mais alors que ses voisins ont transposé le directive, la France tarde à abroger l’obligation de brider de tels cycles. « Le contexte actuel ne s’y prête pas, indique un expert. Il y a d’abord les élections régionales. Si le décret était publié avant décembre, les associations de victimes de la route monteraient immédiatement au créneau. Ensuite, la conférence COP21 sur le climat, qui se tiendra à Paris, rend encore plus polémique la question des "gros cubes". »
Autoriser sans autoriser
Tandis que la France « joue la montre », les concessionnaires et les importateurs de ces maxi-motos s’impatientent. Car ce sont ces modèles qui dégagent les meilleures marges. Quant aux motards, ils fulminent contre certains assureurs et mutuelles qui refuseraient de souscrire « une moto non homologuée car débridée ! ».
Et pourtant, un règlement autorise sans vraiment l’autoriser ce débridage… depuis deux ans. « Toute l’ambiguïté se résume à la rédaction de ce fameux décret ER-168 du 22 mars 2013, précise Thierry Archambault, président délégué général de la CSIAM, qui regroupe l’industrie concernée. En préambule, ce texte rappelle l’obligation de brider de telles motos...