Alors que la France connaît un essor inédit des centres de données, leur assurance s’impose comme un défi d’ingénierie et de précision. Entre sinistres matériels, pertes d’exploitation, cyberattaques et pressions environnementales, ces infrastructures sensibles forment un laboratoire d’innovation de l'assurance où chaque garantie se négocie à la microseconde.
Selon DataCenterMap (1), la France compte 316 centres opérationnels. Le marché, évalué à 879 M€ en 2023, pourrait atteindre 1,12 Md€ à l’horizon 2028. À l’échelle de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, Cushman & Wakefield (2) recense 10,3 GW de capacité installée, 2,6 GW en construction et 11,5 GW en projet, soit un pipeline record de 24,4 GW. Cette expansion, portée par la croissance du cloud, de l’intelligence artificielle et du streaming, accroît mécaniquement l’exposition aux risques. Une seule journée d’interruption peut coûter jusqu’à 48 M$ à un acteur majeur du cloud (ITIC, New Relic).
Une ingénierie de l’assurance sous tension
Face à cette vulnérabilité systémique, les assureurs affinent leurs outils. « En 2025, Marsh a lancé la facilité Nimbus, offrant jusqu’à 1 Md€ de garantie pour la construction et 350 M€ pour le retard de démarrage des opérations », précise Philippe Onteniente, directeur construction de Marsh pour l’Europe. Cette structuration illustre la spécialisation accélérée du marché et la montée en puissance des dispositifs mutualisés destinés aux projets hyperscales, où les montants en jeu excèdent souvent la capacité d’un seul porteur de risque (3).
Des garanties calibrées au millimètre
Les risques physiques – incendie, surtension, explosion ou dégât des eaux – constituent la première ligne de défense, appuyée sur des modélisations intégrant redondance électrique, capacité thermique et maintenance critique. Mais le point névralgique demeure l’interruption d’activité. Les garanties business interruption (BI) prévoient des...