Le métier de courtier d’assurance est bousculé, et le segment art n’est guère épargné sous l’influence d’un marché en mutation rapide. De la réglementation accrue qui pèse sur la soutenabilité financière des plus petits cabinets à la nécessité d’investir dans le numérique pour répondre aux attentes des jeunes collectionneurs, en passant par le procès fait aux intermédiaires quant à leur valeur ajoutée, le courtage en art est-il en passe de disparaître ?
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Les archéologues l’ont certifié : les tailleurs de pierre de la Basse-Égypte abondaient un fonds destiné à leur venir en aide en cas d’accident. Si l’assurance est née il y a 3 500 ans, sa distribution via le courtage est bien plus récente. Quarante courtiers en assurance maritime sont attestés en 1574 à Lyon, mais il faut attendre le XIXe siècle pour constater leur expansion véritable. Proportionnellement à l’assurance, le courtage traverse donc sa phase adolescente avec son lot de remue-ménage, d’agitation et de questionnements. Si les innovations viennent souvent de la périphérie, les mutations des cabinets de courtage spécialisés en assurance Fine Art sont du plus grand enseignement pour l’avenir du courtage en général.
En une dizaine d’années, le marché a littéralement changé de physionomie avec la disparition des petits cabinets spécialisés, l’évolution du marché de l’art en quantité comme en qualité, mais aussi avec la vague numérique qui redéfinit autant les usages que les besoins. « Tel qu’on était avant, on n’existera plus dans quelques années », déclare Irène Barnouin, directrice commerciale et technique Fine Art chez Gras Savoye, jettant ainsi un pavé dans la mare. Et d’expliquer : « On va vers un métier davantage de conseil et de data que de placement pur. De plus en plus, la partie gestion est externalisée, comme dans d’autres secteurs d’activité tels que la banque. Comme eux, nous proposons également un service de management des collections privées. Notre modèle est en train de se structurer. »