La pandémie de Covid-19 révèle des cultures et des comportements différents en fonction des pays et de leurs modes d’approche. Une situation de crise éclairante et en tous points transposable.
Anne d’ANDIRAN, Juriste du MEDI (Monitoring European Distribution of Insurance)
Après une période de flottement, les gouvernements français et britannique décrètent mi-mars l’urgence sanitaire et ordonnent la fermeture des commerces, notamment les cafés, restaurants, salles de spectacle… Ces entreprises subissent en conséquence un tarissement immédiat et souvent total de leurs revenus.
En technique d’assurance, il s’agit d’un préjudice immatériel non consécutif (sous-entendu à un dommage subi par les biens de l’entreprise) ou « immatériel pur ». Il peut s’assurer. Les assureurs français logent les garanties contractuelles correspondantes dans une rubrique fourre-tout nommée « pertes pécuniaires » (PE) comportant notamment celles dues à une interruption d’activité ; au Royaume-Uni, on parle de business interruption (BI).
En France comme au Royaume-Uni, c’est une garantie assez peu souscrite pour différentes raisons : mal connue, mal maîtrisée, donc peu proposée, peu demandée, et chère.
Survient la Covid-19 qui touche le monde entier fin février 2020, notamment la France et le Royaume-Uni. La réaction majoritaire des compagnies face à leurs assurés commerçants – dont les restaurateurs – est comparable dans les deux pays : « Ahh… Ce n’est pas garanti. » En France, on voit alors fleurir des discours isolés se présentant comme solidaires ou commerciaux, consistant pour certains assureurs à annoncer qu’ils n’ont pas d’obligation contractuelle mais qu’ils s’engagent à soutenir leurs assurés sous différentes formes (prime de relance, restitution de primes…).
La prise de conscience du « drame » économique provoque un effet de panique qui a pour conséquence de mettre sous pression le monde politique appelé à la rescousse. Résultat,...