Marginalisés aux premières heures du Web, les agents généraux ont su prendre le train en marche. Dans un contexte omnicanal, la prise en compte du digital nécessite, toutefois, de revisiter le modèle économique sous-jacent, suscitant parfois des tensions entre mandantes et réseaux d’agents.
Journaliste
Cela s’appelle reprendre du poil de la bête. Longtemps cajolés, les agents généraux semblaient avoir quelque peu perdu du crédit aux yeux des mandantes sur le marché des particuliers. En cause, l’arrivée du Net qui rebat les cartes de la distribution. Faut-il continuer à mettre tous ses œufs dans le même panier des agents ou s’ouvrir davantage ? La question s’est posée, certes discrètement, au sein des directions générales, mais avec acuité et insistance. Les premières heures du Web ont ainsi été marquées par de fortes tensions de part et d’autre, suivies par quelques levées de boucliers quand certains assureurs s’essayent, à grand renfort de publicité, à la vente directe d’assurance de particuliers en ligne. Beaucoup ont vite fait d’évoquer la fin des intermédiaires alors même que le concept « d’Ubérisation » n’avait pas encore émergé.
Les sites web de deuxième et de troisième génération ouvrent de nouveaux champs des possibles. Forts de capacités sans pareilles pour la vente en ligne, ils révèlent également leurs limites quand il s’agit de contrats d’assurance nécessitant l’accompagnement d’un conseiller.
L’agent général respire, le voilà à nouveau dans la course. Il va falloir compter avec lui mais comment ? Ainsi naissent de nouveaux chantiers de transformation digitale axés sur les réseaux physiques. Comment agents, courtiers et réseaux salariés peuvent-ils s’accommoder du nouveau monde numérique sans mettre à mal leurs professions respectives voire, mieux, en contribuant à la création de valeur à l’heure du digital ? Une problématique existentielle menée tambour battant, sous la houlette des porteurs de risques qui y voient un enjeu déterminant.