Cela fait cinq ans que vous suivez le secteur des FinTech à travers votre baromètre « Les Français et les nouveaux services financiers ». Votre retour d’expérience vous permet-il de penser que les jeunes pousses internet qui misent sur la distribution de
Tout va dépendre de leur capacité de résistance. Après l’engouement des débuts, qui s’est traduit par une multiplication des initiatives, nous entrons dans une phase « darwinienne » de « sélection naturelle » dans un contexte ultra-concurrentiel marqué par la prégnance grandissante des Big Tech (Google, Amazon, etc.). Seules les FinTech qui se sont réellement donné les moyens de leurs ambitions vont survivre. Le problème avec l’assurance vie – et plus généralement l’épargne – c’est qu’elle n’a pas un caractère obligatoire comme l’assurance automobile par exemple. On est donc sur un marché de l’offre et non de la demande, où le coût d’installation de la marque et de sa mise en conformité normative est très élevé. Cela constitue une fragilisation intrinsèque du modèle « full digital » qui doit composer avec cette contrainte de base tout en jouant la carte de l’indépendance pour se distinguer.
L’équation s’annonce délicate, quel type de « business model » est susceptible de la résoudre ?
Il y a incontestablement des innovations à exploiter en matière d’épargne et d’assurance vie, et les robo-advisors sont générateurs d’une véritable valeur ajoutée. Toutefois, je pense que les FinTech qui misent uniquement sur un modèle B to C orienté sur les seuls particuliers auront du mal à s’en sortir. Il faut qu’elles diffusent leur savoir-faire, sous marque blanche, auprès des acteurs traditionnels que sont les assureurs en mode B to B. Ou encore qu’elles nouent des partenariats gagnants-gagnants B to B to C avec des réseaux de cabinets indépendants de conseil en gestion de patrimoine, dotés de moyens suffisants pour faire fructifier ce type d’alliances au profit de l’épargnant final. Le chemin reste toutefois escarpé pour ne pas simplement échouer dans le giron des compagnies.