Après avoir démarré l’année dans la lignée de 2021, le marché de l’épargne-vie qui, comme l’ensemble du secteur financier, s’est retrouvé du jour au lendemain suspendu aux conséquences du drame ukrainien, doit plus que jamais se concentrer sur ses fondamentaux pour composer avec un contexte tissé d’incertitudes. En cette aube de nouveau quinquennat, le marché de l’assurance vie semble lui aussi à l’orée d’un cycle inédit dont les contours, tributaires d’une tendance inflationniste qui rebat les cartes du marché des taux, restent à définir et soulèvent moult questions qui sont autant de défis pour l’avenir. Cinq d’entre elles méritent plus particulièrement l’attention en ce printemps 2022.
Amorcée en 2021, la remontée des prix qui s’est soldée l’an passé par une inflation de +2,8 %, n’a eu de cesse depuis de gagner en puissance. Attisée par les conséquences du conflit russo-ukrainien sur les coûts de l’énergie et des matières premières, la hausse qui atteignait déjà 4,5 % fin mars en moyenne annuelle devrait poursuivre sur cette lancée et franchir la barre des 5 % au deuxième trimestre.
L’inflation constitue-t-elle une menace ?
Ce retour de l’inflation a pour effet immédiat de pousser la rémunération réelle des fonds euros en territoire négatif. « Ces supports rapportent déjà en moyenne moins de 1 % en valeur nette de frais et de prélèvements sociaux, ils deviennent hélas, comme tous produits sécurisés, synonymes de perte de pouvoir d’achat », confirme Thibaut Cossenet, directeur de l’offre financière du groupe Le Conservateur. Cet état de fait qui n’a rien de nouveau (ce n’est pas la première fois que la rémunération nette d’inflation des produits monétaires et obligataires vire au rouge) pourrait toutefois n’avoir qu’un impact limité sur les comportements des épargnants qui, dans leur grande majorité, continuent de préférer les placements garantis en permanence donc liquides, aux solutions plus rémunératrices mais risquées. « En règle générale, dans un premier temps, l’inflation renforce l’effort d’épargne des ménages soucieux de préserver leurs économies et l’assurance vie devrait, malgré la baisse du rendement des fonds euros, profiter de cette tendance », estime Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.