Alors que la problématique des taux bas pèse sur les performances des fonds en euro et sur la solvabilité des assureurs, l’assurance vie cherche les voies de la transformation. Dans un environnement financier rendu plus complexe encore avec la crise sanitaire, les assurés français sont appelés à prendre leur part de risque.
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« Nous vivons un moment vraiment particulier dans l’histoire de l’assurance vie. » Le constat de Jacques de Peretti, à l’occasion de la présentation des résultats d’Axa France en mars dernier, est partagé par de nombreux professionnels du secteur.
Mis sous pression des taux bas, le marché intensifie ses efforts pour transformer un modèle qui a pourtant fait son succès depuis trente-cinq ans. En conciliant rendement, sécurité, liquidité et fiscalité, le « couteau suisse » assurance vie a gagné ses galons de « placement préféré des Français » et apporté ses lettres de noblesse à tout un secteur. En 2000, le rendement moyen du contrat en euro s’établissait à 5,30 % quand le taux moyen d’emprunt d’État (TME) s’affichait à 5,50 %. Un peu moins de vingt ans plus tard, la rémunération moyenne des fonds est tombée à 1,40 % pour un TME d’environ 0,20 %. Si cette chute progressive n’entame guère l’appétence de l’assuré pour le fonds euro, le marché, lui, pousse toujours plus aux unités de compte.
En dix ans, la part de ces produits dans les cotisations encaissées chaque année à plus que doublé : de 13 % en 2009, elle a atteint 28 % en 2018. Cette année-là, l’assurance vie collectait 139,7 Md€ dont 39,5 Md€ en unités de compte. Un record ! La tendance s’inscrit sur le long terme et dans le stock, la part des unités de compte dépasse désormais les 20 %. Ce mouvement est d’ailleurs encouragé de longue date par les pouvoirs publics qui souhaitent orienter l’épargne des Français vers un financement plus direct des entreprises.