La création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale dédiée à la dépendance a pris de l’épaisseur à la faveur de la présentation de deux projets de loi. Mais le chantier est encore long. Des ressources financières doivent être trouvées à court terme et la question de la place laissée aux organismes privés pour épauler la solidarité nationale demeure en suspens.
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Emmanuel Macron est-il en passe de tenir sa promesse ? On le sait : qu’il s’agisse des mandats des présidents Sarkozy ou Hollande, les projets de réformes de la dépendance se sont invariablement fracassés sur le mur de la rigueur budgétaire. Et c’est paradoxalement au moment où les comptes publics sont au plus rouge du fait de la crise de Covid-19 que le chantier est en passe d’aboutir. Sans doute le drame sanitaire qui s’est joué ces dernières semaines dans les Ehpad, où sont comptabilisés plus du tiers des décès imputables au coronavirus en France, aura donné un élan tristement salutaire aux questions liées à la perte d’autonomie. « La crise a permis de mieux prendre conscience des chiffres », confirme Pierre Mayeur, directeur général de l’Ocirp en rappelant que le besoin de financement de la perte d’autonomie devrait atteindre les 10 Md€ en 2030. « Ça paraît beaucoup mais les déficits et la dette courent sur des proportions autrement plus importantes. Quitte à emprunter cette voie, pourquoi ne pas pousser le pion d’une réforme dont les dépenses ne représentent finalement pas grand-chose comparées à celles de l’assurance maladie et de la retraite », expose-t-il.
Parent pauvre de la protection sociale, la dépendance demeure un chemin semé d’embûches. L’engagement pris par le président de la République avait ainsi largement souffert du contexte difficile de la réforme des retraites et de l’agitation sociale des gilets jaunes. L’année dernière avait été pourtant riche...